Au Royaume
Mabghinache ddoble !
Les promos dans la téléphonie mobile se sont tellement intensifiées que le service s’est dégradé. Au lieu de nous servir des promos, les opérateurs pourraient peut-être nous servir tout court, d’abord et avant tout.
Mercredi 12 octobre en milieu de journée, le réseau GSM de l’un des opérateurs était saturé dans plusieurs villes. Durée de la panne : environ 4 heures, au cours desquelles aucun appel n’a pu être effectué ni reçu. L’on dira que ce sont des choses qui arrivent. Un réseau c’est avant tout une capacité et on ne peut pas le dimensionner à l’infini, quand tout le monde se met à appeler en même temps.
En revanche, cet incident prend une autre signification à la lumière de ce qui se passe dans le secteur de la téléphonie depuis quelques semaines et cela concerne tous les opérateurs. Il faut recomposer le numéro à plusieurs reprises pour réussir enfin à avoir l’interlocuteur demandé. Les coupures en cours de communication sont devenues tellement courantes que l’on a fini par s’y habituer et que, de guerre lasse, on ne rappelle plus : on devine, on imagine la suite de la conversation. On a même appris une nouvelle langue : le haché, que l’on devrait d’ailleurs inscrire comme langue officielle dans la Constitution, puisqu’il est d’usage courant. Mode d’emploi : entre deux syllabes, on joue les bouche-trou conversationnels pour ces secondes pendant lesquelles on n’entend rien. Que du bonheur…
Pourquoi une telle dégradation du service ? La réponse tient paradoxalement dans le succès du mobile. En quinze mois, le parc de téléphonie mobile s’est enrichi de 7 millions de clients actifs. L’exacerbation de la concurrence qui en a résulté a fait sauter un verrou : les promotions permanentes sont devenues légales, le prix a baissé et le trafic a explosé. Quelques chiffres parlants : en un an, le prix moyen payé pour la minute de communication a baissé de 35%, et notamment sur le prépayé, ce qui a poussé d’ex-bippeurs à se reconvertir en appeleurs. Au cours des six premiers mois de l’année 2010, le trafic échangé en minutes sur le réseau mobile s’est élevé à 3,18 milliards. Un an après, et donc entre janvier et juin 2011, nous sommes passés à 7,13 milliards.
Certes, personne ne s’attendait à cela et l’extension des capacités ne peut pas être proportionnelle à l’empressement des opérateurs de s’engouffrer dans la brèche des promos qui tuent. Il faut du temps pour mettre en place de nouveaux équipements. Mais en attendant, le consommateur, lui, paie pour un service qu’il n’a pas. Alors au lieu de lui servir des promos peut-être qu’il vaut mieux le servir d’abord, parce qu’au rythme où ça va, il y a juridiquement dol.
