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Au Royaume

L’urgent et l’important

Le plan émergence est un bon «deal» pour le pays, mais il serait illusoire de croire qu’il résoudra à lui seul le problème de la croissance.

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Le plan d’action pour lutter contre le chômage, dévoilé par le gouvernement à l’occasion de la tenue des journées «initatives emploi», témoigne, par sa consistance, de la volonté de l’Etat de s’attaquer sérieusement au problème du chômage, surtout celui des jeunes diplômés. A fin juin 2005, le Maroc comptait 1,2 million de chômeurs parmi sa population active, un taux de 11% qui masque celui plus inquiétant du non-emploi chez les diplômés : 23%. Près d’un diplômé sur quatre !
On aura suffisamment parlé des conditions nécessaires pour que le plan anti-chômage soit couronné de succès. Suivi, ajustement, coordination… On espère que cette fois-ci sera la bonne.
Mais, en dépit de cette bonne volonté, le stock de chômeurs est trop important pour espérer le ramener durablement à des proportions
raisonnables. La pression sur le marché de l’emploi est telle que les
200 000 demandeurs supplémentaires qui s’ajoutent chaque année ne pourront être casés par l’effet des mesures imaginées.
L’emploi ne se décrète pas, répètent à l’envie des patrons. A cela, on pourrait répondre qu’il faudrait considérer la question sous un double angle : l’urgent et l’important. Le premier est de résoudre un problème de chômage élevé déjà posé. On est en train de le faire. Le second est d’éviter de grossir le stock à l’avenir et, pour cela, une seule réponse : la croissance.
Dans quelques jours, le gouvernement dévoilera son plan émergence. Basé sur les recommandations du cabinet Mc Kinsey, il définit 7 secteurs-clés, qui préfigurent les métiers mondiaux du Maroc sur un horizon de dix ans, et qui devront créer, à terme, 250 000 emplois directs.
En soi, l’initiative est, là encore, bonne, et surtout bienvenue, sauf que les autres secteurs de l’économie sont aussi des gisements d’emplois pour peu que l’on règle les problèmes en cours. Des problèmes qui ont pour nom : justice défaillante, financement des PME, concurrence étrangère parfois déloyale, flexibilité réelle du travail, impôts élevés ou aberrants (patente)… Bref, tous ces freins à la croissance que l’on a ressassé à longueur de séminaires depuis des années et qui restent en l’état.
Le plan émergence, disons-le encore, est un bon deal pour le pays, mais il serait illusoire de croire qu’il résoudra à lui seul le problème de la croissance. Là aussi, on peut dire qu’il y a l’urgent et l’important et le premier passe avant le second.