Au Royaume
L’exemple turc
Les Turcs se sont bien préparés à la mondialisation. Le tissu économique dans sa globalité en maîtrise les codes. Les entreprises familiales se sont ouvertes aux investissements étrangers, ont modernisé leur parc technologique et ont investi dans le marketing et la communication.

D’abord il y eut les produits européens, puis chinois et maintenant c’est au tour de la marchandise turque de damer le pion au made in Morocco. Tel un rouleau compresseur, l’estampillé turc est arrivé à investir le marché du textile, écartant petit à petit un redoutable adversaire. En effet, même la Chine qui s’est installée en maîtresse des lieux durant de longues années a dû se rendre à l’évidence au vu des parts de marché qu’elle perd au profit de son nouveau concurrent (voir enquête pages 20 et 21). Et quand par exemple un LC Waikiki décide d’ouvrir à proximité d’une boutique Marwa, le business de cette dernière en prend un coup dur.
La mesure appliquée depuis janvier 2018 et qui consiste à rétablir, sur une période transitoire, le droit d’importation sur les produits textile et habillement turcs à hauteur de 90% du taux fixé dans le cadre du droit commun semble vaine. La recette du textile turc est toujours gagnante : une qualité acceptable et des prix plutôt abordables. Bref, un bon rapport qualité/prix. Subventionnés à flot, profitant d’un amont développé et des avantages d’une filière intégrée, les produits turcs sont hors concours. «Dans les clusters des industries textiles turcs, les opérateurs sont solidaires. Ils ne se marchent pas sur les pieds et appliquent de petites marges dans une logique de favoriser toute la chaîne», nous explique un expert du domaine.
Les Turcs se sont également bien préparés à la mondialisation. Le tissu économique dans sa globalité en maîtrise les codes. Les entreprises familiales se sont ouvertes aux investissements étrangers, ont modernisé leur parc technologique, ont investi dans du matériel nouveau ainsi que dans la communication et le marketing. L’industrie textile finance par exemple les séries télévisées exportées dans de nombreux pays- notamment arabes- et vues par des centaines de millions de personnes.
La solution serait-elle une mesure de défense commerciale comme l’ont fait d’autres pays à l’instar de la Tunisie pour couper court à une concurrence ravageuse ? Mais quand bien même une enquête aboutirait et qu’une telle action soit mise en place, permettra-t-elle à l’industrie marocaine de se mettre à niveau et de battre d’autres concurrents dans un marché mondialisé ? Mise à niveau, voilà un terme en vogue dans les années 2000, aujourd’hui oublié, mais qui reste pourtant d’actualité.
