Au Royaume
Les ventes de la Régie des tabacs stagnent depuis 10 ans
Le phénomène de la contrebande de cigarettes progresse dangereusement et, fait nouveau, les revendeurs ne se cachent plus, ils opèrent au grand jour. Selon Mme Hanae L’Iraqui, directrice des relations institutionnelles à la Régie des tabacs, l’entreprise est inondée de plaintes venant de débitants (dont les pertes sont évaluées à 113 MDH par an) mais aussi d’associations professionnelles, comme les chambres de commerce, d’industrie et de service.
Entre 1999 et 2003, la part de la contrebande sur le marché des cigarettes est passée de 8 % à 20 %. Et tandis que le marché parallèle prospère (3,6 milliards de cigarettes vendues), les ventes de la Régie stagnent à 14 milliards de cigarettes depuis dix ans. Autrement dit, tous les nouveaux fumeurs qui sont arrivés sur le marché depuis, sont captés par le marché noir. Résultat : la Régie des tabacs enregistre chaque année 2,3 milliards de DH de manque à gagner sur son chiffre d’affaires, dont 1,5 milliard de DH qui auraient dû aller au Trésor (les taxes sur les cigarettes représentant 66 % du prix). Selon les responsables de la Régie, les produits de contrebande viennent essentiellement du Nord du pays, mais aussi à travers les frontières Est et Sud du Royaume. Mais le phénomène se renforce : il y a quelques jours, des bateaux venant de l’étranger ont été surpris par la Marine Royale au large de Mohammédia en train d’échanger des cigarettes contre du poisson ! C’est dire.
L’explication de la recrudescence du marché parallèle tient bien sûr à la différence de prix entre les produits marocains et ceux de la contrebande, mais aussi à la perte par la Régie de ses prérogatives de puissance publique depuis sa privatisation. Les brigades de protection du monopole dont disposait l’entreprise sont devenues inopérantes
