Au Royaume
Les fossoyeurs en ont fini avec Frumat !
Producteurs, conditionneurs, exportateurs et pouvoirs publics sont responsables de situation.
«C’est la mort dans l’âme que nous avons décidé du redressement judiciaire de Frumat [Fruitière marocaine de transformation]», regrette Ahmed Derrab, directeur de l’Aspam, l’association des producteurs d’agrumes.
Frumat, la plus importante – et la plus ancienne – unité de transformation d’agrumes du pays, n’a pu sortir de la crise qu’elle subit depuis quatre années maintenant. Entre 2001 et 2003, en deux ans seulement, son chiffre d’affaires est passé de 201 à 105 MDH. La même tendance baissière a frappé la production de Frumat qui a chuté de 140 000 tonnes traitées en 2000 à 2 000 tonnes en 2004. Les actionnaires de l’entreprise avaient mis en place plusieurs plans de redressement dont le dernier, datant de mars dernier, prévoyait la création d’un holding qui compterait deux filiales: Frumat Sud à Taroudant et Frumat Nord à Kénitra. Un plan qui n’a pu être validé en raison du refus des producteurs du Sud de reprendre l’unité de Sebt Guerdane dans la région de Taroudant.
La situation actuelle de Frumat est une responsabilité partagée de toutes les composantes de la filière agrumicole, notamment les producteurs, les stations de conditionnement ainsi que les exportateurs. Tous ont préféré, durant ces dernières années, vendre sur le marché local, devenu plus attrayant en matière de revenus, au lieu d’approvisionner Frumat.
Les pouvoirs publics ne sont pas en reste puisqu’ils n’ont pas versé la totalité des subventions dues. Chaque année, et sur une période de trois années, l’Etat devait verser à Frumat 30 MDH. 72 millions seulement ont été déboursés.
Tous ces intervenants regrettent aujourd’hui le redressement judiciaire, mais ne sont-ils pas, en tant qu’actionnaires, les fossoyeurs de Frumat ?