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Les faits et le contexte

Trois ans après avoir abandonné le système du crédit jeunes promoteurs, l’Etat n’a toujours pas trouvé de solutions aux 2 652 dossiers d’entrepreneurs en situation de cessation de paiement.

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Trois ans après avoir abandonné le système du crédit jeunes promoteurs, l’Etat n’a toujours pas trouvé de solutions aux 2 652 dossiers d’entrepreneurs en situation de cessation de paiement. Aujourd’hui, on parle de mesures de la dernière chance et le message de l’Etat est clair : l’argent doit être remboursé.
Certes, il doit l’être, ne serait-ce que pour la bonne gouvernance qui doit prévaloir à l’avenir. Mais les cas qui posent aujourd’hui problème doivent être traités à la lumière de trois éléments : l’intention, la responsabilité et la fatalité.
L’intention, parce qu’une partie de ces promoteurs a effectivement agi de mauvaise foi en détournant les crédits alloués par l’Etat et les banques de leur objectif initial. Dans ces cas-là la loi doit jouer. Soit les sommes sont remboursées soit le promoteur paie de sa personne.Mais combien de «jeunes promoteurs» ont été de mauvaise foi ? Sans doute très peu.
En revanche, plus importante est la proportion de ceux qui ont été victimes d’un business-model mal ficelé. Et, là, la responsabilité est partagée. Car s’ils ont mené une mauvaise étude de faisabilité, il n’empêche que celle-ci a été validée par les banques et contre-validée par les Finances, des organes théoriquement mieux armés pour juger de la solidité d’un projet économique. Faut-il emprisonner ces gens-là ? Cela se passe-t-il ainsi pour les entreprises normales ?
Enfin, la fatalité, parce que la meilleure étude de faisabilité ne protège pas contre les aléas de l’économie. Exemple, les crédits accordés à ceux qui voulaient monter une téléboutique. Business juteux jusqu’à ce qu’il y en ait trop et que le GSM détruise l’attractivité du produit. A qui la faute dans ce cas ? Faut-il, là-encore, emprisonner ces promoteurs ?
Sauf cas de mauvaise foi, on ne saurait blâmer des personnes qui ont décidé d’entreprendre. C’est pour cela que leurs dossiers doivent être étudiés au cas par cas et non pas faire l’objet d’un traitement uniforme. Mise en redressement judiciaire quand il le faut, crédit de consolidation pour relancer une affaire au potentiel prouvé, des solutions existent. Il faudra certes être ferme mais ne pas demander l’impossible.
Car le «crédit jeunes promoteurs» a aussi été une affaire politique. Que de dossiers ont été bâclés pour gonfler les statistiques, que de coups de fils donnés pour des personnes recommandées. A preuve, 81% des dossiers sont passés entre les mains de banques détenues par l’Etat qui s’est servi de cet instrument pour son marketing politique. Il y a donc les faits, mais le contexte est tout aussi important