Au Royaume
Le réalisme d’une Algérienne
Nouha sait que Bouteflika soutient le Polisario mais a du mal à comprendre pourquoi les Sahraouis d’Algérie seraient des Algériens alors que ceux du Maroc devraient avoir leur propre pays.
Elle s’appelle Nouha. Elle est algérienne, professeur d’économie à l’université d’Oran et va se marier dans quelques jours. Alors, elle décide de prendre l’avion pour Casablanca afin de s’acheter deux caftans et des accessoires pour la fête de sa vie. Elle aurait préféré prendre sa voiture quelques kilomètres pour faire ses emplettes à Oujda, mais la frontière est fermée entre le Maroc et l’Algérie. Elle est intriguée par le Maroc, trouve que les Marocains ont beaucoup de goût et qu’ils ont su garder leurs traditions. Elle tombe amoureuse de Marrakech et y reviendra sûrement en lune de miel avec son mari pour une semaine juste après le mariage. A Casablanca, elle trouve que le trafic est dense, que les Marocains sont aussi imprudents au volant que les Algériens. Tout le monde croit qu’elle est d’Oujda et elle se garde bien de démentir…
Nouha ne comprend rien à l’affaire du Sahara. Elle sait que Bouteflika soutient le Polisario mais a du mal à comprendre pourquoi les Sahraouis d’Algérie seraient des Algériens alors que ceux du Maroc devraient avoir leur propre pays. Elle se demande alors si ceux du Mali, de la Mauritanie, du Tchad, de la Libye etc., devraient aussi avoir respectivement un pays à part. Alors, elle imagine un instant que le Maroc ait joué la même partition que son pays. L’indépendance du Sahara algérien. Rien que l’idée lui fait froid dans le dos. Plus de pétrole, plus de gaz, plus d’Amenas, plus de Hassi Massoud. Déjà qu’avec toutes les richesses, le chômage bat des records à Ouargla au point que le ministre du travail exige des entreprises du coin de donner la priorité aux locaux…
Nouha et son amie algérienne installée à Casa, font le tour de la ville : Habous, Maârif, Massira et Morocco Mall entre autres. On lui avait souvent décrit Casablanca, mais elle était loin d’imaginer autant d’enseignes internationales, d’hôtels et de cafés. Elle est très surprise de ne pas voir, comme à Alger, des Chinois travailler dans les chantiers. Elle se dit que c’est dommage que l’Algérie prête au FMI alors qu’elle pourrait investir plus dans des infrastructures semblables.
Nouha adore les enfants et serait heureuse d’en avoir avec son mari. Elle se demande intérieurement si comme elle, qui est née en 1985 (10 ans après la crise entre le Maroc et l’Algérie), son enfant passerait toute sa vie à voir les deux pays se déchirer et courir derrière plus d’armements au lieu de coopérer et vivre en harmonie.