Au Royaume
Le principal et le subsidiaire
Contrairement au scepticisme manifesté parfois, le chantier de la généralisation de la protection sociale semble se mettre en marche à un rythme soutenu qui ne laisse aucun doute quant à la volonté des pouvoirs publics et du gouvernement d’y aller franco cette fois-ci.

Alors qu’il n’a pas encore bouclé deux mois depuis sa nomination par S.M.Mohammed VI, le gouvernement a déjà validé plusieurs décrets et textes réglementaires pour intégrer tout un pan des professions libérales et des indépendants dans les registres de l’Assurance maladie obligatoire. Quelques jours plus tard, la CNSS vient cette semaine même de dévoiler les caractéristiques et modalités pratiques qui vont régir les cotisations et les ouvertures de prestations à ces nouvelles catégories d’adhérents qui pourront dès le 1er janvier 2022, bénéficier effectivement de la couverture maladie. Ce sont quelque 3 millions de nouveaux assurés, et donc 3 millions de ménages en réalité, qui accéderont, enfin, à un des services les plus basiques que leur confère en toute logique leur statut d’actifs. Cette détermination contraste nettement avec un passé encore proche. Car, jusque-là, soit les tentatives étaient restées juste au stade d’effet d’annonce ou de déclaration d’intention, soit, dans certains cas, les responsables avaient préféré faire l’impasse sur un sujet aussi épineux et qui comporte des risques de dommages collatéraux au sens politique du terme.
Certains y verront probablement un aventurisme de la part du nouveau gouvernement, profitant du fameux délai de grâce des 100 jours pour s’attaquer d’abord aux dossiers les plus délicats. Mais dans le cas d’espèce, la protection sociale est tout le contraire. La mise en œuvre de cette lourde réforme prendra au moins trois ans et peut-être même tout un mandat. Et ce ne sera toujours pas fini, car au fur et à mesure que les modules de la réforme s’implémentent, il faudra inévitablement recourir presque de manière continue à des ajustements et des réglages pour corriger les imperfections ou tout simplement pour parer à des problématiques qui n’étaient pas visibles.
L’essentiel dans ce type de dossiers lourds et longs mais vitaux pour l’avenir du Maroc, et la réforme de l’enseignement aussi en fait partie, c’est de ne pas se laisser distraire par les tentatives de détournement du débat vers les questions et aspects subsidiaires, et oublier le principal.
