Au Royaume
Le polytechnicien qui gère les aéroports du Maroc comme des entreprises
Ingénieur polytechnique de Toulouse en 1978, il intègre le ministère de l’énergie et des mines pour financer ses études aux Etats-Unis.
Après l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables, il hérite en 2003 de la direction de l’Office des aéroports n Pour lui, l’aéroport est une entreprise où le voyageur est un client et la productivité une règle de base.

Abdelhanine Benallou, DG de l’Office national des aéroports (Onda), a fait un mariage de raison avec le fonctionnariat il y a de cela trente ans. Partie d’un contrat de huit ans avec le ministère de l’énergie et des mines, sa carrière allait faire de lui un commis de l’Etat.
Rentré au pays en 1978, après un diplôme d’ingénieur des systèmes électroniques et automatiques obtenu à l’Institut polytechnique de Toulouse, il rêve d’un PhD que le service civil, obligatoire à l’époque, aurait pu compromettre. Il n’hésite pas à signer un engagement contractuel avec le ministère de l’énergie et des mines qui lui offre un financement pour ses études avant de repartir pour les Etats-Unis.
Abdelhanine Benallou est né en 1953 dans une famille de la classe moyenne, à Salé. Son père est commerçant en tissus et sa mère femme au foyer. Il se situe au milieu d’une fratrie de 7 enfants, quatre garçons et trois filles. Comme tous les petits garçons de l’époque, il n’échappe pas au m’sid, o๠il est inscrit à l’âge de 3 ans, avant le grand saut de l’école primaire.
Il développe une expertise reconnue dans les énergies renouvelables
Grâce à son application, Abdelhanine Benallou, toujours classé parmi les premiers, obtient son Bac sciences mathématiques en 1973. Il se retrouve en prépa au Lycée Lyautey, dans une promotion o๠il était le seul représentant de Rabat et de sa région. Pour sa deuxième année de classes préparatoires, il se déplace en France, et choisit ensuite l’Institut national polytechnique de Toulouse pour son diplôme d’ingénieur. Il décide de ne pas en rester là et d’aller préparer un PhD dans sa spécialité, l’électronique et l’automatisme, à l’Université de Californie, à Santa Barbara, qui entretenait des liens avec l’Institut de Toulouse dont il est lauréat en 1978. C’est là qu’il saute sur l’occasion offerte par le ministère de l’énergie et des mines qui prend en charge ses frais d’études. Il s’intéressera aux systèmes de poursuite et au suivi des cibles o๠convergent des disciplines comme l’automatisme, l’informatique et la nanotechnologie.
De retour au pays en 1982, il est nommé chargé de mission au cabinet du ministre de l’époque, Moussa Saâdi. Il est également enseignant à l’Ecole nationale des mines (Enim). Parmi les premiers dossiers sur lesquels il va travailler figure le premier petit réacteur nucléaire marocain. Un projet pour lequel 6 MDH ont été mobilisés en coopération avec les Etats-Unis, mais qui va traà®ner. Il est aussi associé à la création du Centre national des sciences et techniques nucléaires (Cnesten).
Pour des raisons qu’il ne veut pas expliciter, Abdelhanine Benallou est plus ou moins écarté de ces projets. Il se rabat sur son métier d’enseignant à l’Enim qui relève du ministère de l’énergie et des mines tout en continuant à être consultant du département. Cela lui donnera l’idée de créer, en 1985, un cabinet d’études privé qu’il baptisera «Sunlight». Ce cabinet, qui travaille dans tout ce qui concerne l’électrification rurale, le développement des centrales thermiques et les énergies renouvelables, le solaire notamment, continue d’ailleurs à exercer son activité avec, dans son portefeuille clients, la plupart des ministères.
Abdelhanine Benallou va devenir un spécialiste reconnu dans son domaine d’activité, si bien que, quand il est appelé à la direction du Centre de développement des énergies renouvelables (CDER) en 2001, cela n’étonne personne. Il affine la stratégie du centre et fait l’inventaire des gisements éolien, solaire et hydraulique du pays. Mais quand il annonce que les nouvelles énergies pourraient représenter plus de 10 % des besoins du Maroc en 2012, il en étonne plus d’un, dit-il. «Durant mon mandat au CDER, entre 2001 et 2003, date à laquelle j’ai été nommé à l’Onda, j’ai compris qu’il fallait ficeler des projets capables de capter l’intérêt et, bien sûr, les financements des Etats partenaires mais aussi des ONG et autres bailleurs de fonds. Pour cela, il fallait travailler dans deux directions : développer la R & D et adapter les équipements qui allaient en assurer l’applicabilité. Nous sommes passés d’un budget d’investissement de 5 millions à 50 MDH en un temps record».
Sa mission : porter la capacité des aéroports à 24 millions de voyageurs
Il n’aura pas le temps de mener son projet à terme. En 2003, il prend en main les destinées de l’Office des aéroports (ONDA). La contrainte sécuritaire était devenue le souci majeur, mais, dit-il, il fallait aussi ouvrir des chantiers stratégiques pour pérenniser l’office. «Il fallait d’abord sortir de la logique de la dépendance des taxes aéroportuaires et accompagner le développement de notre capacité d’accueil. Sur le plan des infrastructures, nous sommes aujourd’hui en plein essor. C’est évident, pas seulement au niveau de l’aéroport Mohammed V mais dans toutes les villes. Le programme visant à recevoir 18 puis 24 millions de voyageurs dans quelques années est déjà en marche. Nous sommes déjà passés d’une capacité d’accueil de 6/7 millions de voyageurs à 12 millions. Pour ce qui est de notre chiffre d’affaires, il a tout simplement doublé, passant de 1 à 2 milliards de DH et les revenus non-aéroportuaires, comme dans tous les aéroports européens, nous sommes déjà à une proportion de 30 % contre seulement 5 % en 2003, duty free et zones commerciales compris».
Pour Abdelhanine Benallou, il faudra continuer à considérer le voyageur comme un client à part entière et ériger la productivité en règle maà®tresse. Sans recourir à aucune compression car, dit-il, «l’office comptait un effectif de 2 700 personnes et les a maintenues. Les démembrements de l’Etat, qui veut continuer à assurer une qualité du service public, doivent puiser ce qu’il y a de meilleur dans les méthodes de management. Ils peuvent le faire sans complexe car ils n’ont pas les mêmes contraintes de rentabilité économique au sens étroit». En somme, les aéroports doivent être gérés tout comme des entreprises privées.
