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Au Royaume

Le pain et les olives

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Votre éditorial du 16 janvier, au sujet du prix du pain, soulève plusieurs questions dont celle, fondamentale, de la réalité des prix au Maroc et celle, qui fâche, des subventions. S’est-on un jour demandé ce que deviendrait le prix d’une baguette si l’Etat arrêtait un jour de soutenir le prix de la farine, principal intrant des boulangers ? Quoi qu’on en dise, aujourd’hui les boulangers sont obligés d’acheter la farine à un prix anormalement élevé par rapport aux prix internationaux du blé tendre. Pour la simple comparaison, les producteurs nationaux achètent le quintal de blé tendre à 250 DH alors qu’aujourd’hui il est prouvé que nous pouvons avoir le même produit, et même de meilleure qualité, entre 100 et 110 DH. Très souvent, et on y a eu droit récemment encore à l’occasion des négociations avec les Américains, les pouvoirs publics argumentent leur position par le souci de protéger les producteurs nationaux et les cinq millions d’hectares de céréales.
Jusqu’à quand ? Tôt ou tard il faudra trancher : si nos producteurs ne sont pas capables de produire à des prix normaux, qu’ils fassent autre chose. L’olivier par exemple ! Il paraît qu’avec ses 800 000 tonnes d’olives par an seulement, le Maroc dérange aux Etats-Unis. Sachant qu’il y a 52 Etats américains et le Canada, si on veut s’attaquer à ce marché géant il faudra multiplier notre production oléicole par dix et peut-être plus. Alors au lieu de garder ces cinq millions d’hectares de céréales sous perfusion, autant les utiliser de manière plus rentable et, là au moins, on n’aura pas besoin de subventionner. D’autant plus que l’olivier est un arbre robuste qui résiste aux cycles de sécheresse. En un mot : reconvertir les superficies de céréaliculture en olives serait une opération tout bénéf, pour les producteurs parce que pratiquant une culture compétitive et à débouché certain, pour l’Etat car il économisera les subventions et pour le consommateur final car il aura droit à de la farine moins chère puisque importée.

Ali Aouad Economiste