Au Royaume
Le MURÂ… de la honte
«attajdid» condamne les festivités du nouvel an
On s’en souvient, dans un article publié dans le quotidien Attajdid du 15 juin 2004, Ahmed Raissouni, figure de proue de l’islamisme marocain et ex-président du MUR (Mouvement unicité et réforme – Attawhid wal islah), mettait sur un pied d’égalité la drogue, la pédophilie et les festivals de musique ! Musiques sacrées de Fès, Tanjazz à Tanger, Gnaoua à Essaouira, sans oublier la Fête des cerises à Sefrou et Al Aïta à Safi et d’autres festivals encore, rien n’a échappé à la condamnation sans appel de M. Raissouni.
Après une certaine accalmie, l’offensive moralisatrice de ce quotidien proche du PJD reprend de plus belle et fait feu de tout bois. Ainsi, le 15 décembre, le MUR publiait un communiqué au sujet de la célébration du Nouvel an. Un communiqué disponible en français sur son site internet. On peut ainsi y lire: «Les oulémas sont unanimes pour déclarer illicite cette célébration et ces coutumes étrangères, considérées comme une imitation aveugle, et représentant une aliénation religieuse, culturelle et civilisationnelle».
Que répondre à ces propos, expression d’une identité recroquevillée sur elle-même. Faut-il préciser que ces festivités de fin d’année sont célébrées dans toutes les aires civilisationnelles de la planète. Faut-il encore dire et redire que les Marocains, comme tout le monde, ont envie de faire la fête ?
Enfin, pour terminer l’année sur une touche provocatrice, Attajdid a cru bon de titrer à la une de son édition du jeudi 30 décembre : «Tremblement de terre et des vagues hautes comme des montagnes en Asie : c’est la volonté divine et non point la colère de la nature». Sans aucun respect pour la mémoire des 100 000 personnes mortes ou disparues, qui sont nos frères en humanité.
Passe pour le Réveillon, mais même la catastrophe en Asie du Sud-Est n’échappe pas à la hargne d’«Attajdid».