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Au Royaume

Le Maroc d’en bas

Des avancées du pays,
M. Lambda ne sait rien.
Il existe un fossé entre
la population et
les politiques. Il ne suffit pas d’agir, il faut expliquer pourquoi il existe encore des problèmes.

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C’est l’heure des bilans; avant l’heure, pourrait-on dire. A l’occasion d’un dîner-débat organisé par La Vie éco, jeudi 18 janvier, Fathallah Oualalou, invité à parler de la Loi de finances, a plus procédé à un check-up de l’état économique et social du pays que débattu du Budget. Quatre jours plus tard, c’était au tour du Premier ministre de faire, devant la presse, un état de réalisations de son gouvernement et des chantiersà venir.

L’honnêteté intellectuelle impose de reconnaître que le gouvernement actuel a abattu un travail colossal : des dossiers épineux résolus, des chantiers d’infrastructure lancés, des plans sectoriels activés ou imaginés, le tout, à travers une approche pragmatique. Nous partagerons l’avis du ministre des finances qui affirme qu’une bonne dynamique est enclenchée avec des fondamentaux (terme cherà M. Oualalou) solides. En ce sens, la croissance économique sera, à l’avenir, un peu moins affectée par l’absence éventuelle de pluies et le monde des affaires est plus confiant qu’auparavant.

Reste le citoyen. Interrogé, ce dernier ressort les mêmes griefs. Il en veut à l’Administration qui le fait traîner et débourser, il n’a pas confiance en la justice qu’il estime corrompue, il ne comprend pas l’utilité du Parlement, fustige le système d’enseignement, trouve que la vie s’est renchérie et, en un mot, trouve que rien n’a changé.

Le tableau est-il noir à ce point ? A lire les conclusions du rapport sur la gouvernance élaboré par l’Observatoire de l’Administration (voir page 8), on est tenté de le penser même s’il y a un gap entre la perception et la réalité.

Ce gap est naturel : les petits soucis de la vie quotidienne d’un citoyen n’occultent en rien les avancées stratégiques de la gestion du pays. En revanche, de ces avancées, M. Lambda ne sait rien. C’est là le problème. Il existe un fossé entre la population et les politiques qui ne transmettent pas le message ou, quand ils le font, l’enrobent de concepts suffisamment abstraits pour le rendre incompréhensible.

On a beau expliquer que des chantiers sont lancés, que des mesures sont prises et qu’il faudra attendre parfois plusieurs années avant d’en ressentir les bienfaits, peine perdue. Que répondre quand on vous dit que sans heures supplémentaires pas de réussite scolaire, sans bakchich pas de chahadate assoukna, sans tadouira pas de jugement rapide, sans dirhams supplémentaires pas de poulet au menu… ? Il ne suffit pas d’agir, il faut expliquer au Maroc d’en bas.