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Au Royaume

Le geste de trop

Nous ne sommes
peut-être que le Maroc, mais nous avons
une dignité.
Il ne faut pas confondre puissance et arrogance, humilité et faiblesse.

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La fermeté du communiqué du Roi Mohammed VI exprimant sa position quant à  la visite effectuée par le Roi Juan Carlos à  Sebta et Melillia, le fait même que le Souverain s’exprime publiquement sur le sujet, à  cette occasion, en ont étonné plus d’un, même si les Marocains ont chaleureusement applaudi cette initiative. Sur le plan de la diplomatie, il est d’usage que les chefs d’Etat interviennent pour calmer les ardeurs lorsque les chefs de gouvernement se querellent.

On peut même aller plus loin dans le raisonnement. Dans le Maroc contemporain, Sebta et Melillia ont toujours été des villes colonisées. Elles sont régies par des administrations espagnoles, leurs citoyens et leurs entreprises sont soumis aux lois espagnoles et les Marocains qui n’y résident pas ont généralement besoin d’un visa pour y entrer, et cela dure depuis des décennies. A priori donc, la visite du chef de l’Etat occupant dans les présides occupées s’inscrit en cohérence avec la situation de fait. En ce sens, on peut raisonnablement se poser la question de savoir pourquoi, aujourd’hui, le Maroc, Roi, gouvernement, Parlement et population, réagit aussi violemment ?

Il faut lire la symbolique des événements. Voilà  deux Etats, forcés par la géographie d’être partenaires et qui le réussissent plutôt bien, aussi bien dans le domaine économique que dans celui de la coopération sécuritaire ou politique… Sauf que l’un des Etats occupe une portion du territoire de l’autre et ignore la main tendue pour régler pacifiquement le problème ; sauf que le même Etat a voulu délibérément humilier le Maroc dans l’affaire de l’à®lot Leà¯la, il y a quatre ans; sauf que le chef du même Etat piétine encore une fois les sentiments d’une nation pour des raisons de politique intérieure et choisit, qui plus est, le moment o๠est commémorée la Marche verte comme ultime provocation. En faut-il plus? Nous ne sommes peut-être que le Maroc, conciliant et pacifiste, moins riche que son voisin du nord, mais nous avons une dignité. Il ne faut pas confondre puissance et arrogance, humilité et faiblesse. La sortie de Mohammed VI tombe pour ainsi dire à  point nommé. Ces territoires sont les nôtres et, tôt ou tard, il faudra bien en convenir.