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Au Royaume

Laila Miyara, présidente de l’AFEM

Entrepreneur précoce, Laila Miyara crée son premier cabinet d’études à  l’à¢ge de 23 ans.
Elle occupe le poste de directeur de l’ISTA de Mohammédia pendant 14 ans tout en continuant son aventure entrepreneuriale.

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Laila Miyara 2014 03 04 2014 03 07

Les femmes de sa génération étaient vouées à trouver un bon parti dès l’âge de 18/20 ans et à s’occuper exclusivement de leur intérieur, comme on dit. Elle est aujourd’hui une femme d’affaires avisée, et ce n’est pas un hasard qu’elle soit à la tête de l’Association des femmes chefs d’entreprises du Maroc (AFEM) depuis juin 2012, pour un mandat de 5 ans. Entrepreneur précoce, c’est à 23 ans à peine, fraîchement émoulue de l’Ecole Mohammadia des ingénieurs qu’elle fonde son premier bureau d’études dans le monde masculin des études de structures et du bâtiment.
Laila Miyara est née à Casablanca en 1963. C’est son père, un des premiers bijoutiers à s’installer dans la nouvelle Médina casablancaise, qui l’a poussée vigoureusement vers les études comme sa nombreuse fratrie (huit enfants au total), convaincu que c’est le plus sûr ascenseur social pour réussir dans la vie. Elle va d’ailleurs être une brillante élève et assez tôt impliquée dans le monde associatif, active dans un ciné-club et dans les activités du Centre culturel français. Une fois son bac sciences expérimentales en poche en 1980, elle se présente d’abord au concours d’accès à la Faculté de médecine de Casablanca qu’elle réussit. Mais la voilà qui se ravise et s’inscrit à l’Ecole Mohammadia des ingénieurs où elle se spécialise dans le génie civil et le bâtiment. Elles sont quatre filles sur une promotion de 360 lauréats en 1986. La même année de l’obtention de son diplôme, à 23 ans, elle crée son bureau d’études «Myara BET» et glane rapidement quelques petits marchés pour superviser le dimensionnement des structures et des ferraillages de construction de villas et de petits projets immobiliers. Les débuts sont laborieux et les premiers chiffres d’affaires modestes, à peine 600 000 à 700 000 DH, même si elle s’attache les services de trois dessinateurs permanents.
Elle enrichit sa formation par deux MBA entre 1998 et 2004

Laila Miyara est très combative et n’allait pas s’avouer vaincue mais voilà qu’une belle opportunité va s’offrir à elle : le poste de directeur de l’ISTA (Institut de technologie appliquée) de Mohammédia, ville où elle habite déjà. Cette carrière de fonctionnaire, tout en gardant son bureau d’études, ne va être qu’une parenthèse, longue certes, dans sa vie car elle va s’y sentir à l’étroit.

Mais entre 1986, année où elle prend son poste et 2000 où elle démissionne avec fracas, elle va prendre quelques initiatives courageuses comme la construction d’une bibliothèque à l’ISTA, la signature d’une convention avec l’Université de technologie de Belfort ou encore la consolidation de la formation continue à l’adresse des cadres des entreprises. Tout cela ne l’empêche pas de s’impliquer dans sa propre formation en obtenant deux MBA, le premier en management et en stratégie d’entreprise (entre 1998 et 2000) et le second en consulting, plus tard en 2004.

Parallèlement, Laila Miyara crée dès 1990 une société de diffusion de mobilier en série design, avec des clients de choix comme la Samir, la Bibliothèque nationale de Rabat ou des cabinets médicaux. Mais là, la dame de fer va connaître quelques déboires car un marché public et des retards de paiement vont freiner ses ardeurs.

Elle va vite rebondir en orientant son entreprise vers le domaine de l’édition et l’événementiel culturel et édite Labyrinthe, ville du Maroc, un magazine bimensuel dont il reste aujourd’hui un portail.

Laila Miyara n’est jamais découragée par les difficultés comme elle n’est jamais à court d’idées. Ses dernières activités la mènent aujourd’hui vers le domaine de la promotion touristique, mais avec une touche culturelle et artistique car il s’agit de restaurer d’anciennes bâtisses pour en faire des riads. Elle crée pour cela la société Riad-Fès Yamanda et elle a déjà ouvert une première unité opérationnelle aujourd’hui, une maison de charme de neuf chambres qui emploie une dizaine de personnes. Dans la même foulée, elle s’active, à travers une autre société constituée avec un tour de table d’actionnaires dans la construction de résidences touristiques et le pilotage de projets dans la région de Marrakech, avec des investissements estimés à 16 millions de DH.

Un programme de travail ambitieux à l’AFEM

Mais en ce moment, c’est le destin de l’AFEM qui semble requérir toute l’attention de Laila Miyara car, dit-elle: «Je m’emploie à faire de notre association une institution incontournable dans la vie économique nationale».
Et voici comment s’articule son ambitieux programme de travail : d’abord, l’amélioration des services aux 600 membres actuels. Il s’agit de signer des conventions avec des départements ou des ambassades, par exemple. Cela est déjà en marche puisque des accords ont été initiés et finalisés avec Maroc Export, l’ANPME  ou encore le ministère de l’emploi. Le but étant de ménager à la femme chef d’entreprise la possibilité d’accéder aux marchés et de saisir l’ensemble des opportunités, notamment en lui assurant un accès continu et efficace à l’information. Le deuxième axe est de conforter les pistes de l’incubation. Outre les centres déjà à l’œuvre comme à El Jadida, Casablanca et Rabat, l’AFEM compte, de surcroît, ouvrir d’autres antennes comme à Tanger. L’objectif  est de créer un bureau chaque année.

Laila Miyara appelle cela l’accompagnement de la régionalisation avancée qui est un autre chantier à côté de l’orientation des entreprises féminines vers le business. Enfin, la présidente de l’AFEM s’attelle à faire de l’association une force de proposition et de conforter l’approche genre. Autant d’initiatives de nature à ancrer l’entreprise féminine durablement dans la donne économique, créatrice de richesse et, bien entendu, d’emplois.