Au Royaume
La maladie d’amour
Hélas, comme dans un couple, même si on ne s’aime plus, ni le Maroc ni l’Algérie ne peuvent déménager. Alors de grà¢ce, vu qu’on a raté le mariage d’amour, tentons au moins de réussir un mariage de raison…

Le président français François Hollande a réservé sa première visite dans la région à l’Algérie, avant le Maroc. Il a inauguré une usine Renault à Oran, et il paraît que les autorités algériennes ont été très froissées par le fait que la France ait préféré le Maroc, à travers Renault Tanger, pour la première usine. Que doit-on en conclure ?
Tout simplement RIEN ! En fait, les diplomates et quelques confrères journalistes de part et d’autre de la frontière alimentent depuis toujours une infantilisation des sentiments de leurs compatriotes qui se comportent comme des élèves ou des enfants cherchant à deviner qui est le plus aimé de «Maman France». Alors, quand un président de droite est élu, on dit qu’il est plus proche du Maroc. Quand il est de gauche on le taxe de pro-algérien.
Depuis 1975, et nous sommes, rappelons-le, bientôt en 2013, le monde a beaucoup changé. Les puissances d’hier, dont la France, ont perdu de leur superbe et sont aujourd’hui plus des vendeurs qui perdent des parts de marchés et des empires en péril, que des modèles protecteurs et bienveillants.
Economiquement, le Mercosur en Amérique latine émerge, le CCG se renforce, l’UE, bien qu’affaiblie par la crise, se régénère et, en Asie, l’Asean monte en puissance. Pendant ce temps, la Ligue arabe est un fantôme et l’Union du Maghreb arabe, elle, est un mirage.
Le Maroc et l’Algérie, quant à eux, sont devenus deux pays presque insulaires, se tournant le dos et se condamnant eux-mêmes à se détester indéfiniment. Voilà donc deux pays dont les peuples ont pratiquement la même histoire, les mêmes traditions, la même langue et qui attendent qu’un tiers vienne les départager, leur distribuer les bons et les mauvais points ou encore les aider à s’humilier l’un l’autre. Et le problème du Sahara, diraient certains ? Eh bien, la question est tellement vieille qu’on ne sait même plus pourquoi on s’est haï le premier jour.
Et c’est là où le bât blesse…
En fait, toute cette histoire est une histoire d’amour et de haine où l’objectivité n’a jamais eu de place. Malheureusement, en matière de business et de développement, les susceptibilités tuent l’avenir. Alors que faire ?
Hélas, comme dans un couple, même si on ne s’aime plus, ni le Maroc ni l’Algérie ne peuvent déménager. Alors de grâce, vu qu’on a raté le mariage d’amour, tentons au moins de réussir un mariage de raison…
