Au Royaume
La magie des réseaux sociaux
Les réseaux sociaux ont libéré la parole. Ils sont devenus un instrument redoutable pour faire bouger les lignes, et surtout obliger les gouvernants à réagir quand l’indignation populaire enfle.

On leur reproche de propager les «fake news», de devenir un miroir grossissant des petites tares de notre société, d’ériger des manipulateurs et des complotistes au rang d’éminents influenceurs de l’opinion publique qui se fait désormais son opinion sur la base d’une timeline, de réduire au silence par la force des choses des rationalistes dont la parole n’est plus audible…
On leur adresse toutes ces critiques et bien d’autres. Mais ils n’ont pas que des défauts. Les réseaux sociaux ont libéré la parole. Ils sont devenus un instrument redoutable pour faire bouger les lignes, et surtout obliger les gouvernants à réagir quand l’indignation populaire enfle. On l’a vu ces dernières années, même les administrations les plus opaques, comme la DGSN par exemple, deviennent réactives quand une information prend de l’ampleur et que l’opinion publique demande des comptes par des posts et autres tweets.
Le dernier exemple remonte au mardi 6 mars. Il prouve à lui seul, s’il en est besoin, l’envergure de l’influence des réseaux sociaux. Il est 15h, un citoyen se rend à la délégation du commerce et de l’industrie de Marrakech. A sa grande surprise, excepté le vigile, il n’y a pas âme qui vive. En colère, il fait le tour de l’administration, filme les bureaux, commente la scène, quitte les lieux et poste sa vidéo sur les réseaux sociaux qui se sont occupés du reste. En quelques heures, cette séquence devient virale. Le jour même, le ministère du commerce et de l’industrie communique. Moulay Hafid Elalamy s’engage à diligenter une enquête, à rendre publics les résultats et à sanctionner les responsables en cas de manquements avérés.
La rapidité de la réaction est inhabituelle. Le mérite revient au pouvoir des réseaux sociaux. Vous voulez une preuve ? Imaginons que ce même citoyen, à l’origine de la vidéo, ait suivi la voie classique, qu’il soit passé par exemple par la plateforme de réclamations en ligne «Chikaya», récemment mise en place, pour dénoncer l’irresponsabilité des fonctionnaires de la délégation de Marrakech. Sa démarche aurait-elle eu le même effet ? Les responsables auraient-ils réagi avec autant de célérité ? Se seraient-ils engagés à suivre l’enquête personnellement ? La réponse s’impose d’elle-même.
