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Au Royaume

La cigale et la fourmi

En 2005, on était alarmiste, l’économie allait mal. En 2006, tout le monde s’est tu, à  croire que les problèmes
avaient été résolus.
La vigilance doit
rester de mise.

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Les opérateurs économiques aussi bien que l’administration ont la mémoire courte. Il y a un an, la succession de mauvaises nouvelles économiques poussait nombre d’entre eux à s’alarmer sur l’avenir de l’industrie et du commerce. Textile sous la menace des prix chinois bradés, industrie plasturgique et métallurgique en perte de compétitivité, marché local envahi par les produits étrangers, perte de positions sur les marchés d’export… En remontant le feuilleton du pessimisme ambiant de 2005, il y avait de quoi se faire des cheveux blancs.

Et en 2006 ? Rien, pas même un message d’alerte, aucune revendication. Nous sommes passés du pessimisme noir à l’optimisme béat de la bonne année agricole. A croire que les 7,3% de croissance annoncés ont effacé d’un trait les inquiétudes.

Deux hypothèses peuvent expliquer ce changement d’attitude. La première est que tout ne va pas si mal que cela, que l’on a exagéré le mal et que la presse qui s’intéresse toujours aux trains qui arrivent en retard a surmédiatisé les mauvaises nouvelles. Seconde hypothèse : la bonne conjoncture a fait oublier les menaces qui planent sur l’économie.

Où est la vérité ? Sans doute entre les deux, mais il est certain que l’économie reste fragilisée – ou est en voie de l’être – par des faits, des échéances connus de tous.

En réalité, nous avons baissé la garde. L’Etat, dans une attitude pré-électorale, se garde bien de réveiller les vieux démons et surfe sur ses 86 millions de quintaux pour mettre en avant son bilan. Une attitude politiquement compréhensible. Les opérateurs, eux, profitent du dynamisme économique et d’une demande intérieure et extérieure soutenue pour remiser au placard aussi bien leurs requêtes que leurs projets d’adaptation. Où est la mise à niveau ? Morte ? Enterrée ? Quelqu’un sait-il qu’on l’a rebaptisée modernisation compétitive et qu’un programme est prévu ?

C’est en ce temps de relative prospérité qu’il faut agir. Les quotas imposés aux Chinois ne sont pas éternels, la demande intérieure a ses cycles de morosité et les accords de libre-échange commencent juste à entrer en application. La reconversion, les investissements de modernisation doivent être envisagés aujourd’hui et pas demain, et l’Etat doit tirer la sonnette d’alarme. Nous ne sommes pas encore tirés d’affaire, loin de là. Mais cela, on ne l’entend point. Les cigales chantent trop fort en été.

Com’ese

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