Au Royaume
La chèvre ou le chou ?
Faut-il organiser les élections coûte que coûte, quitte à intégrer ensuite
la donne régionale, ou reporter ces législatives en vue de régler l’affaire du Sahara une bonne fois pour toutes ?
A quelle date les législatives de 2007 auront-elles lieu ? A neuf mois de leur supposée tenue, c’est le flou total et la posture de l’Intérieur n’est pas pour arranger les choses. Dans un entretien accordé à notre confrère Al Ahdath Al Maghribia, mercredi 6 décembre, Chakib Benmoussa, ministre de l’intérieur, en bon connaisseur des lois, a affirmé que les législatives auront lieu entre la fin de l’actuelle législature et le début de la nouvelle. Tout compte fait, ça nous laisse une fenêtre comprise entre le 13 juillet et le 5 octobre. Un peu vaste quand même, au lieu d’une fenêtre, c’est à une baie panoramique qu’on a droit. Précision, toutefois, quand la date sera fixée, les citoyens le sauront au minimum 45 jours avant, toujours selon M. Benmoussa, légaliste jusqu’au bout.
Ce flou n’est pas pour clarifier un jeu politique où pullulent déjà de nombreuses questions. Quand des partis politiques sont appelés à s’organiser, travailler sur des programmes, mettre en place un plan d’action pour concourir à la représentation parlementaire et, on l’espère, la désignation d’un Premier ministre partisan, il est bon de leur fixer suffisamment à l’avance la date du concours.
On peut interpréter ce silence de l’Etat de deux manières. Soit il ne veut pas annoncer une date qu’il a déjà fixée, et, dans ce cas, il y a anguille sous roche, soit l’Etat lui-même ne connaît pas encore cette date, et dans ce cas également, il y a (une autre ?) anguille sous roche.
A moins que… des événements exogènes au processus électoral soient la cause de cette hésitation. Mercredi 6 décembre, le président du Corcas, recevant la presse au lendemain de la remise du projet d’autonomie du Sahara au Souverain, a déclaré, sans avoir l’air d’y toucher, que le projet aura un impact sur la Constitution. Dans ce cas, on peut supposer que le Maroc attend de voir l’accueil que réservera la communauté internationale au projet avant de fixer une date pour les élections. La conjonction de l’affaire du Sahara avec l’année électorale pourrait poser un problème complexe. Faut-il, dans le but d’avoir un processus électoral définitivement normal, organiser les élections coûte que coûte, quitte à intégrer ensuite la donne régionale et peut-être ré-organiser les législatives, ou alors faut-il reporter ces législatives pour faire les changements constitutionnels et organisationnels qui s’imposent en vue de régler l’affaire du Sahara une bonne fois pour toutes ? Bien malin celui qui peut répondre aujourd’hui.
