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Au Royaume

Khalid Bitar, DG d’Ircos Cosmetics

Le pharmacien devenu cosmétologue pour contourner la crise du secteur. Après avoir ouvert et géré une officine pendant 6 ans, il repart faire une spécialisation en Italie. Sa société produit des produits d’hygiène intime, des crèmes hydratantes, cicatrisantes et de protection solaire.

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KHALID BITAR 2012 01 20

Khalid Bitar, DG d’Ircos Cosmetics, était un pharmacien bien installé à Marrakech. Il avait un bon portefeuille clients d’autant plus que son officine se situait dans un quartier populaire. Mais la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille dans ce secteur qui compte aujourd’hui 12 000 officines et avec l’arrivée d’autres confrères et la crise du secteur, le chiffre d’affaires a commencé à diminuer. Que fait-on quand on n’a qu’un diplôme de pharmacien. Après mûre réflexion, il prendra le risque de négocier un virage à 180°. Mais pour cela, il fallait revenir à l’école. A l’âge de 35 ans il s’envolera pour l’Italie, là où il avait obtenu son diplôme de pharmacien, pour étudier la cosmétologie. Et ce n’était pas une formation courte mais un cursus s’étalant sur trois années. Aujourd’hui, Khalid Bitar est à la tête d’une entreprise qui travaille pour de grands laboratoires qui préfèrent sous-traiter la fabrication de leurs produits pour se concentrer sur la R&D.
Son entreprise s’est spécialisée dans les crèmes hydratantes et solaires, les produits d’hygiène intime, gels douches, essences… Khalid Bitar a même des projets d’alliance pour mettre sur le marché des produits de son laboratoire. Mais c’est là une autre paire de manches car c’est un domaine fortement capitalistique et il faudra lever d’importants fonds avant d’y aller.

A l’âge de 35 ans, il prend un virage à 180 degrés

Khalid Bitar est né à Marrakech en 1966 dans une famille moyenne. Il est l’avant-dernier d’une fratrie de six enfants. Après un Bac «sciences expérimentales» obtenu en 1985, son rêve était d’aller poursuivre ses études en Italie. C’est son père, qui malgré des revenus modestes, se saignera pour lui payer les frais de scolarité de la première année et le billet d’avion et, bien entendu, l’argent de poche. Mais il devra faire de petits boulots avant d’obtenir une bourse du gouvernement italien, à l’issue du concours d’entrée à la faculté de pharmacie de Ferrara, près de Venise. Concours qu’il a pu passer après une année d’étude de la langue.
Il soutient une thèse sur les plantes médicinales du Maroc et obtient son diplôme en 1993, mais ne revient pas tout de suite au bercail. Il choisit de rester une année encore en Italie pour travailler dans une pharmacie, ce qui lui facilitera la tâche au moment de son retour en 1995. Naturellement, il ouvre sa propre officine et tout va bien jusqu’en 2001. Car le vent tourne, les officines se multiplient et pour ne rien arranger, la profession est secouée par la fronde des diplômés des pays de l’Europe de l’Est et de l’ex URSS qui réclament une équivalence pour ouvrir leur commerce. Il sait que l’avenir sera difficile pour le secteur et décide alors de changer de fusil d’épaule. Il s’inscrit au centre de Ferra où il a gardé des liens solides pour une spécialisation en cosmétologie. Dès 2002, avant de terminer ses études de reconversion, il s’associe avec un ami italien qui est toujours dans le capital d’Ircos Cosmetics pour créer une société avec un capital de 200 000 DH. L’entreprise loue un petit local à 1 500 DH et recrute une secrétaire. Elle commence par l’importation d’une crème hydratante et d’un écran total. Revenu au Maroc, Khalid Bitar s’occupe en même temps de la promotion et des visites chez les médecins et pharmaciens dont il connaît un grand nombre pour faire connaître ses produits. Mais il connaît une période de grosses difficultés, surtout que les produits qu’il importe supportent des droits de douane de 100%, à l’époque. En 2005, Ircos Cosmetics emprunte un million de DH pour commencer à fabriquer ses propres produits. Il change d’adresse pour un local plus accueillant dans le quartier industriel de Sidi Ghanem, et achète des équipements dont un mélangeur.

Une aide du programme Moussanada pour se faire certifier

A partir de ce moment, la situation va changer de manière significative. En un an, le chiffre d’affaires va doubler pour atteindre 1 million de DH. Aujourd’hui, les perspectives sont bonnes et l’entreprise travaille à plein régime avec quatre grands laboratoires locaux. Par ailleurs, Khalid Bitar travaille sur plusieurs fronts car il bénéficie de l’aide du ministère de l’industrie, du commerce et des nouvelles technologies dans le cadre du programme Moussanada qui lui a octroyé 150 000 DH pour financer sa certification ISO 22 716, qui fixe les lignes directrices relatives aux bonnes pratiques de fabrication des produits cosmétiques, et l’achat d’un logiciel pour son système d’information.
Il continue à percer dans la fabrication des gammes de produits à base de plantes dans la derma-cosmétologie, qu’il s’agisse de crèmes cicatrisantes ou de produits pour la protection de la peau contre les rayons UV. Les autres chantiers sont la recherche d’alliances. Et Ircos Cosmetics a signé un accord avec Afrikissime, une société qui fabrique des produits cosmétiques à base de karité, qui a ouvert une boutique à Marrakech. Par cet accord, ce partenaire propose non seulement des produits pour les soins de visage, corps et cheveux, hammam et massages portant les noms des deux sociétés (sorte de cobranding) dans sa boutique de la ville ocre, mais aussi à l’étranger. La société envisage de proposer sa propre gamme comprenant divers produits, entre autres, à base d’huile d’argane. Mais, aussi confiant soit-il, Khalid Bitar préfère que son entreprise, qui emploie une dizaine de personnes, garde des dimensions humaines. Malgré tout, il prévoit de porter la superficie de son local de 600 m2 à 1 200 m2 et d’acheter de nouveaux équipements pour suivre le rythme de la demande.