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Karim Achengli: «Nous avons une feuille de route claire pour l’avenir de la région»

Le président du Conseil régional du Souss-Massa parle de contractualisation, de décentralisation et de déconcentration, tout en évoquant les projets structurants engagés ou en cours d’étude.

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Port sec, infrastructures aéroportuaires, incitations à l’investissement et création d’emplois… le président du Conseil régional du Souss-Massa, Karim Achengli, expose la nouvelle dynamique en branle dans le Souss-Massa et ses ambitions pour sa région. Il explique en détail les contours des projets et chantiers les plus importants. Entretien

Quels sont les principaux dossiers sur lesquels travaille actuellement la Région ?
Il y a plusieurs dossiers chauds sur la table et ils sont tous très importants. Le projet de port sec est l’un des projets majeurs pour le développement industriel et le commerce extérieur de la région. Pour l’évolution de l’activité de la zone d’accélération industrielle, c’est une initiative fondamentale. Pour l’heure, nous sommes dans la phase de présentation du projet à tous les ministères concernés par le dossier. Nous allons par la suite signer un mémorandum d’entente avec notre partenaire Tanger Med et nous mettrons en place la convention-cadre qui donnera le feu vert à ce projet qui devrait être opérationnel à partir de janvier 2024. C’est un chantier très ambitieux. Il s’étendra sur plusieurs hectares et devrait stimuler l’activité économique de la région. Le projet de port sec est, cependant, un projet complexe avec beaucoup de ramifications juridiques. Sans contractualisation avec les départements ministériels concernés par le dossier, nous ne pouvons pas le réaliser. Quand on parle de contractualisation, on parle de décentralisation, de déconcentration, de régionalisation, c’est une étape essentielle. Aussi, le chantier de la régionalisation avancée effective constitue une de nos premières préoccupations. C’est un élément clé dans le processus d’administration du territoire, car elle définit clairement les vraies prérogatives des dirigeants et permet de faire avancer rapidement les dossiers.

Mis à part ce projet structurant, quels sont les autres grands chantiers du moment ?
Il y a la connexion de la troisième porte du port à la voie de contournement. Cela facilitera le transport des marchandises vers le port sec et réduira le temps de trajet. Le projet de l’aérogare de l’aéroport de Tata est un autre projet essentiel pour désenclaver cette province. Nous espérons que l’aérogare sera fonctionnelle l’année prochaine. Nous avons aussi un nouveau projet de station de traitement des eaux usées à Agadir.

Où en est globalement votre plan de développement régional (PDR)?
Il avance bien. De nombreux projets inscrits dans cette feuille de route ont déjà vu le jour. Par exemple, nous avons amélioré l’infrastructure de la région, notamment en matière de transport. Nous avons aussi développé l’éducation et la formation professionnelle, afin de donner aux jeunes de la région les compétences dont ils auront besoin pour l’avenir. Nous avons également mis l’accent sur le développement du tourisme et de l’agriculture, qui sont des secteurs clés de notre économie. Il reste encore bien sûr beaucoup à faire. C’est un plan à long terme et nous sommes conscients que nous ne pouvons pas tout accomplir en une seule fois. Nous continuons à travailler sur plusieurs projets importants, notamment dans le domaine de la santé. Nous envisageons de construire de nouveaux hôpitaux et de moderniser les installations existantes. Nous voulons également renforcer nos services de santé communautaires pour améliorer l’accès aux soins pour tous les habitants de la région.

Quid de l’environnement ?
Nous avons un certain nombre de projets visant à protéger et à améliorer notre cadre de vie. Nous prévoyons de créer de nouvelles aires protégées, d’investir dans des technologies propres et de promouvoir les pratiques agricoles durables. Bien entendu, ces projets ne représentent qu’une partie de nos efforts. Nous avons avec le PDR une feuille de route claire pour l’avenir de la région Souss-Massa, et nous sommes déterminés à suivre cette voie. Jusqu’à présent, nous avons travaillé en étroite collaboration avec les communautés locales, les entreprises, les organisations de la société civile et d’autres parties prenantes pour élaborer ce plan. Et nous comptons sur leur soutien continu pour poursuivre sa mise en œuvre. Ensemble, nous pouvons faire de Souss-Massa une région plus prospère, plus verte et plus inclusive, une région où il fait bon vivre.

Quelle est l’enveloppe réservée à votre vaste programme ?
Nous avons environ trente-deux projets phares, avec une enveloppe de plus de trente-sept milliards de dirhams sur une durée de cinq ans. Beaucoup de ces projets sont déjà engagés. Par exemple, on peut citer le projet du port, l’aéroport de Tata, le dessalement de l’eau de mer. Sur ces trente-deux projets, nous avons déjà réalisé beaucoup d’ouvrages en un an et demi. Ces projets représentent une enveloppe de douze milliards de dirhams. Si on ajoute cela aux vingt-deux milliards de dirhams du budget initial du PDR, cela représente près de 50% du budget total qui est investi.

Et quelles sont vos priorités ?
Il s’agit d’abord de décliner le programme gouvernemental basé sur le Nouveau modèle économique, avec les trois piliers que sont la santé, l’éducation et l’emploi. Ensuite, il s’agit de réussir la mise en œuvre des deux documents initiés par le gouvernement : la charte de l’investissement et la feuille de route du tourisme.
Tout cela demande du temps et surtout de la volonté. Il faut aussi de la cohésion entre les différents acteurs pour avancer rapidement. Je suis parfois accusé d’être trop ambitieux, mais je pense que l’ambition est nécessaire. Si nous avons la volonté et l’engagement de la plus Haute Autorité du pays pour faire de Souss-Massa un pôle économique d’excellence, alors nous devons avoir la même ambition.

Le Souss-Massa est encore marqué par des disparités régionales. Quelle est votre stratégie à ce niveau ?
C’est effectivement une préoccupation importante pour nous et nous y travaillons à travers plusieurs actions. Nous avons des zones rurales enclavées et des zones urbaines développées, et l’écart entre elles est manifeste. Mon travail consiste à essayer de combler cet écart, de faire en sorte que chacun, qu’il vive en milieu rural ou urbain, ait les mêmes chances de réussir.
C’est un grand défi et nous avons fort à faire, mais je suis convaincu que c’est possible. L’équité territoriale est un concept très important pour le développement de la région.

Quelle est votre recette pour faire progresser le PIB régional et améliorer le classement du Souss-Massa ?
Pour passer de la neuvième à la troisième place, il y a une recette ambitieuse mais simple : il faut créer de la valeur. En créant de la valeur, nous créons de l’emploi et augmentons notre PIB. C’est pourquoi je me concentre sur ce qui est réaliste et réalisable aujourd’hui. Nous avons de grands projets qu’il faut réaliser de manière concrète et durable pour rendre la région attrayante pour les investisseurs. Ils doivent avoir envie de venir investir ici.
Comment faire ? En les motivant, en leur offrant des incitations, des subventions et de l’aide pour la création d’emplois. Si vous voulez créer une entreprise et que vous envisagez de créer plus de cinq cents emplois, alors vous devenez intéressant pour la région. Nous avons un programme quinquennal à cet effet avec une enveloppe d’un milliard de dirhams sur les cinq prochaines années. C’est un projet qui rentre dans les prérogatives propres des régions. Notre objectif est d’aider l’investissement et l’investisseur avec des retombées notamment en termes d’emplois. Notre plus grand enjeu est de décliner les stratégies nationales à l’échelle du territoire et de dépasser les 80% de réalisation du PDR. Nous sommes déterminés à prouver qu’avec de la volonté on peut réellement construire des territoires.