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Au Royaume

Jusqu’où ?

Tant que le coût de l’illégalité sera quasi nul, en raison d’un contrôle défaillant, et que celui de la transparence sera exorbitant, le Maroc connaîtra bien d’autres affaires Rosamor.

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L’incendie survenu dans les locaux de l’entreprise Rosamor et qui a coûté la vie à  une soixantaine d’innocents met à  nu toute une chaà®ne de défaillances dont le point commun peut se résumer en un mot : négligence.

Du patron, que la cupidité a rendu criminel, aux autorités de contrôle qui ont fermé les yeux, la chaà®ne des coupables et/ou complices est longue. Le gouvernement a promis de mettre en place les mesures légales nécessaires pour éviter que cela ne se reproduise.

De quoi parle-t-on ? Le vrai problème n’est pas dans les textes, il est dans l’absence de l’application de la loi. Le cas Rosamor n’est qu’une conséquence infime du risque que présente aujourd’hui le tissu industriel marocain. Oulfa, Sbit sont des quartiers de Casablanca o๠l’essentiel des entreprises, opérant dans le textile ameublement de maison, ou encore dans la plasturgie, travaillent dans l’informel. Il ne faut pas se leurrer. Demain, ce sont bien d’autres Rosamor qui connaà®tront leur sinistre et l’on redécouvrira, effarés, à  quel point le danger guette.

Aujourd’hui, l’industrie nationale est un secteur à  deux vitesses. D’une part, des activités o๠les barrières capitalistiques à  l’entrée sont trop importantes, qui sont relativement bien organisées, d’autre part, celles à  accès facile et qui sont gangrenées par l’informel. Résultat : faute d’une sévérité accrue à  tous les stades de la chaà®ne de contrôle, et à  cause de la sacro-sainte nécessité de préserver des emplois, on assiste à  un véritable nivellement par le bas.

En trois ans, la prolifération des entreprises pirates dans le secteur du textile de maison a été telle que celles qui respectent la loi se sont vues évincées de plusieurs marchés pour manque de compétitivité. Rosamor, par exemple, fournit deux enseignes bien connues, parées de la respectabilité qui sied à  des marques ayant pignon sur rue.

Ces clients ignoraient-ils que leur fournisseur bafouait la loi ? Certainement non, mais il vendait moins cher et c’était cela l’essentiel. On se retrouve alors dans l’équation suivante : un coût de la transparence exorbitant qui empêche d’être compétitif et un coût de l’illégalité quasi nul. C’est cela le danger.

Tant que l’informel ne sera pas sévèrement puni et la transparence récompensée par un allègement des charges, on aura toujours nos 200 000 employés qui travaillent dans l’informel rien que pour le textile, autant que dans le secteur organisé.