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Istiqlal : les parrains

« Candidat à  la tête de l’Istiqlal ? Tu es fou, on m’égorgerait, ce serait ma mort politique. Je ne peux pas me présenter contre un El Fassi ».

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FADEL Agoumi 2012 07 06

On connaissait la démocratie des urnes. Il y en a une autre, la démocratie consensuelle pour l’unité du parti. C’est le concept remis au goût du jour par le Parti de l’Istiqlal lors de son XVIe congrès. Deux candidats, aucun ne voulant se désister au profit de l’autre. Quoi de plus normal ? Quoi de plus sain dans une course à la tête du plus grand parti du Maroc ?

Sauf que chez l’Istiqlal ça ne se passe pas comme ça. Chez l’Istiqlal, on craint que les positions divergentes n’affaiblissent l’appareil. A tel point que le fait de se fondre dans la masse est devenu l’obligation, la norme, au nom de cette sacro-sainte unité du parti brandie comme un épouvantail à la face de ceux qui oseraient juste penser, rêver d’être à la tête du parti. Résultat : de brillants cadres du parti, ceux qui doivent assurer la relève, restent en arrière-plan, en raison de cette «pudeur» devant les aînés, la famille, la légitimité historique et qui au fond cache une véritable stratégie de la terreur et des promesses de vengeance.

En 2009, à la veille du XVe congrès, tout comme il y a quelques semaines, j’avais personnellement sondé plusieurs de ces jeunes hauts cadres sur l’éventualité d’être candidats. Les réponses sont révélatrices : «Tu es fou ! On m’égorgerait. Ce serait ma mort politique». «Tu ne connais pas le parti, je vais être piétiné, mis au banc». «Je ne peux pas faire cela. Ça ne se fait pas. Dans cinq ou dix ans peut-être». «Si El Fassi se retire, je pourrais peut-être être prétendant, mais je ne peux pas me présenter contre un El Fassi».

Et puis il y a eu l’épisode Hamid Chabat. Chabat, le «roturier», pas assez intello, pas assez «noble» aux yeux de la «famille», fils du peuple. Mais Chabat, également, istiqlalien pur jus, qui a grimpé à la force du poignet. Chabat, enfin, fort d’un soutien considérable.

C’est cette puissance affichée par le maire de Fès que l’Istiqlal, qui vit encore aujourd’hui comme une alliance de familles puissantes, doit considérer. Si M. Chabat a autant de soutiens c’est qu’il y a une bonne partie de militants qui veulent changer le système, le rendre accessible aux méritants. L’on conçoit bien que la haine entre le clan El Fassi et le clan Chabat est allée trop loin pour ne pas laisser de séquelles en cas de victoire de l’un ou l’autre, mais est-ce une raison pour chercher un seul candidat du consensus ? Laisser Chabat et El Fassi être candidats, poussez d’autres candidats à se déclarer, sans les vouer à la vengeance politique. Libérez vos énergies pour le salut de l’Istiqlal. Laissez la démocratie faire son oeuvre…