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Au Royaume

Inquiétude diffuse

Avant, on disait : «C’est la crise, rien ne marche». Mais cela n’empêchait pas chacun de vaquer à  ses occupations. Aujourd’hui, c’est la même chose. Ce que l’on ressent s’apparente plus à  une inquiétude diffuse qu’à  une réelle déprime.

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 Avant, on disait : «C’est la crise, rien ne marche». Mais cela n’empêchait pas chacun de vaquer à ses occupations. Aujourd’hui, c’est la même chose. Ce que l’on ressent s’apparente plus à une inquiétude diffuse qu’à une réelle déprime.

La déprime qui affecte patrons et dirigeants d’entreprises, clairement perceptible à travers le sondage réalisé au cours de la troisième semaine d’octobre (voir synthèse en pages 10 à 13), est-elle justifiée ? Difficile de répondre de manière tranchée tant la perception de la situation, largement déformée par les échos du monde extérieur, interagit avec une réelle baisse de régime de l’économie nationale.

Le fait est que la crise financière mondiale est survenue de manière concomitante avec plusieurs facteurs qui affectent, eux, l’économie réelle : hausse du coût des intrants, hausse des prix ont, par leurs effets induits, ralenti le rythme de croissance, et ce, dès la fin du premier semestre. On l’oublie souvent, et Adil Douiri, ex-ministre du tourisme, l’a rappelé à juste titre dans un entretien accordé à notre confrère L’opinion, l’économie est cyclique.

Pendant quatre ans, nous avons eu une forte croissance du crédit, de l’immobilier, du BTP, de la consommation, du tourisme. Il était dès lors inévitable qu’une surchauffe se produise, que des bulles spéculatives se forment, générant, hausse des cours et des prix aidant, un taux d’inflation élevé. Le Maroc a d’abord besoin de digérer cette production sans cesse croissante de biens et de services avant d’exprimer de nouveaux besoins.

Si l’on examine les indicateurs statistiques de l’année 2008, on ne voit pas de recul, mais seulement des taux de progression moindres. De même, quand les patrons affirment que les délais de paiement se sont allongés, cela ne signifie pas pour autant que les incidents de paiement ont augmenté de manière significative. Le maître mot est «ralentissement».

Ralentissement de la hausse de la consommation, perceptible à travers les déclarations des commerçants, ralentissement de la production, par prudence et pour éviter le surstockage.

La déprime des patrons est-elle, dès lors, justifiée ? Il y a quelques années, lorsque des périodes de ralentissement survenaient, la phrase à la mode était : «C’est la crise, rien ne marche», ce qui n’empêchait pas chacun de vaquer à ses occupations. La perception psychologique est similaire aujourd’hui et tout le monde n’en vaque pas moins à ses occupations.

Il y aura de la casse dans certains secteurs orientés vers l’export, mais il y aura également un rebond de consommation dû à la hausse des salaires et des besoins à combler.
La déprime des patrons ressemble pour le moment à une inquiétude diffuse.

Com’ese

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