Au Royaume
Inconsolables certes, et maintenant ?
Se fixer un cap, ne pas perdre de vue l’objectif et tracer sa route. Croire en ses atouts et corriger ses faiblesses. S’accrocher, tomber et se relever.

On s’en doutait un peu depuis quelques jours, mais on a quand même voulu y croire jusqu’au bout. Face à la candidature conjointe Etats-Unis-Mexique-Canada pour l’organisation de la Coupe du monde 2026, le Maroc est sorti perdant. Score: 65 contre 134. Entre déception, tristesse, amertume, hogra, cynisme –les éternels défaitistes ne sont jamais très loin -, les sentiments s’entremêlaient ce mercredi 13 juin. Mais maintenant que le verdict est tombé, que le Maroc a raté son cinquième coup d’essai, que certains de ses alliés l’ont lâché dans cette compétition en le regardant droit dans les yeux, que reste-t-il à faire ? Au stade actuel, où l’émotion l’emporte, il faut tout de même avoir le sens de la lucidité en essayant de comprendre comment on en est arrivé là. Qu’est-ce qui expliquerait par exemple un tel écart entre les deux scores? Que des pays «frères» aient préféré donner leurs voix à United 2026, en laissant tomber le Maroc, duquel ils sont à priori plus proches à tout point de vue ? Les menaces de Trump peuvent-elles tout expliquer? Le rôle de l’Arabie saoudite qui a proposé avec un enthousiasme ostentatoire ses services à la candidature américaine a-t-il pesé à ce point dans la balance? Et si désigner un coupable ne servait qu’à nous empêcher –encore une fois– d’assumer nos tares ? Le travail diplomatique a-t-il été fait correctement notamment vis-à-vis de toute la base arabe et africaine? Si les réponses à ces questions ne changeront rien au douloureux verdict, elles permettront de tirer les bons enseignements de cette défaite et de mieux appréhender l’avenir, savoir reconnaître nos alliés et flairer les adversités. Et cela va au-delà d’une compétition pour une Coupe du monde, aussi importante soit-elle.
De ce coup dur, le Maroc s’en remettra. Pour défendre son dossier, il s’est battu jusqu’au bout, contre vents et marées, lobbyings versatiles et menaces à peine voilées. Et c’est cette combativité qui doit prévaloir désormais. Nos moyens sont limités, mais la force d’un pays se mesure à sa capacité d’être stratège, à hiérarchiser ses priorités et à sa persévérance. Se fixer un cap, ne pas perdre de vue l’objectif et tracer sa route. Croire en ses atouts et corriger ses faiblesses. S’accrocher, tomber et se relever. Ce sera notre force et notre belle revanche. Et pour cela, il ne faut jamais cesser d’y croire.
