Au Royaume
Immobilier : le label de qualité Iltizam peine à convaincre les acquéreurs
Ils restent peu réceptifs à cette certification et remettent en question sa crédibilité. Le label est resté sans effet sur l’activité de la majorité des promoteurs qui l’ont décroché. Les professionnels pointent le déficit de communication autour du label.

La Fédération nationale des promoteurs immobiliers vient de lancer un nouvel appel à candidature pour l’obtention de son label de qualité Iltizam. Les professionnels intéressés ont jusqu’au 1er décembre pour postuler. Les dossiers déposés seront soumis à une étude de recevabilité, suite à quoi les projets retenus (le label est attribué à des programmes immobiliers et non à des promoteurs) devront passer un audit de certification.
Depuis le lancement du label, il y a près de deux ans, 10 projets réalisés par 7 promoteurs ont été récompensés à l’occasion de 3 promotions. Il est donc aujourd’hui possible de dresser un premier bilan de l’expérience et le fait est que les résultats ne sont pas très reluisants. Une majorité de professionnels récompensés rapporte que le label n’a quasiment eu aucun impact sur leur activité. «Nous n’avons jusqu’à présent jamais reçu, dans nos bureaux de vente, un client qui avait une connaissance préalable du label Iltizam», témoigne un promoteur immobilier récompensé depuis la première promotion. «Même lorsque nous le mettons en avant dans notre argumentaire de vente, la clientèle ne se montre pas du tout réceptive, et cette reconnaissance n’est pas prise en considération dans la décision d’achat», renchérit-il. Les professionnels rapportent au contraire une méfiance de la part des consommateurs. «On met systématiquement en doute la crédibilité de cette certification, dans un contexte où l’on fait généralement moins confiance aux promoteurs immobiliers», résume un professionnel.
90 critères étudiés par des certificateurs indépendants
Pourtant, le label a été soigneusement verrouillé dans tous ses volets pour lever tout équivoque. Pour décider de l’octroi du label, 90 critères sont scrutés au niveau de chaque projet, concernant 4 domaines : la transparence et les exigences réglementaires et légales, les exigences techniques et normatives, les assurances santé et sécurité ainsi que le développement durable et l’innovation. Pour apprécier tous ces aspects, l’on pose aux promoteurs un ensemble de questions directes. Et les réponses sont bien évidemment vérifiées par la suite sur le terrain par des certificateurs. Cette tâche est prise en charge par l’Association des certificateurs du Maroc (ACM) qui compte entre autres membres Bureau Veritas, Moody’s Maroc, SGS… Au moins deux cabinets membres de l’association sont impliqués dans l’audit de chaque projet et travaillent de manière autonome.
Sur la base de tous ces contrôles, des appréciations sont attribuées aux programmes, lesquels doivent obtenir une note minimale pour passer devant le comité d’octroi de labellisation qui a le fin mot sur l’attribution du certificat et qui rassemble les ministères de l’habitat et de l’énergie, la CGEM, des représentants des architectes ou encore un représentant de la Fédération nationale des associations des consommateurs (FNAC).
Faible implication du ministère de l’habitat
Par ailleurs, la labellisation n’est pas accordée en une fois au programme immobilier, le promoteur doit plutôt décrocher une certification à chaque étape du développement, ce qui l’amène à maintenir ses efforts tout au long de la réalisation du projet. Pour les programmes dont les gros œuvres n’ont pas encore été achevés, la récompense accordée consiste en une pré-labellisation. Juste après l’obtention du permis d’habiter, le projet est labellisé. Et en fin de cycle de développement, les programmes sont encore appelés à satisfaire à un dernier audit en vue de décrocher une post-labellisation qui doit avoir lieu après la livraison d’au moins 50% des clients.
Sachant tout cela, les professionnels sont amenés à penser que si les consommateurs se montrent toujours difficiles à convaincre, c’est parce qu’il n’y a pas eu d’effort de vulgarisation du label. «Il manque toujours des actions de communication expliquant simplement les exigences du label, ses modalités d’octroi…, afin que le grand public puisse réellement se l’approprier», pointe un professionnel. Les opérateurs regrettent aussi que le ministère de l’habitat ne s’implique pas davantage dans la communication autour de la certification, «alors que la garantie d’une instance publique est indispensable pour rassurer les consommateurs».
Côté FNPI, on assure que des campagnes de communication sont régulièrement lancées pour faire connaître la certification. La fédération renvoie en outre la balle à ses membres récompensés, précisant qu’eux aussi doivent communiquer sur l’obtention du label pour accroître sa notoriété. Du reste, la FNPI estime que comme tout label en démarrage, Iltizam a besoin de temps pour trouver ses marques sur le marché.
Il demeure qu’en dépit de toutes les lacunes constatées actuellement, les promoteurs certifiés assurent que si c’était à refaire, ils retenteraient l’expérience du label (entre 20 et 30 candidats se sont manifestés à chaque promotion). «Iltizam reste malgré tout la seule certification sur le marché national à même de permettre à un promoteur de différencier son programme», rappelle un professionnel. Surtout que le coût de la labellisation (une cotisation de 25 000 à 200 000 DH en fonction du nombre et du type de logements ainsi que des frais de certification de 7 000 DH hors taxe/jour-homme) reste largement gérable, selon les professionnels.
