Au Royaume
IMMOBILIER : Interview avec Abdenbi Biioui, Président du Conseil de la région de l’Oriental
Les prix des biens immobiliers ont chuté de 30 à 45%, mais la demande peine à redécoller. Le marché à la location est très restreint compte tenu de la culture de la région.

La région de l’Oriental est mise à l’honneur à l’occasion de cette édition du SMAP Paris. Quelles sont les raisons derrière ce choix ?
En effet, l’Oriental est l’invité d’honneur du SMAP cette année. Plusieurs raisons expliquent ce choix dont notamment le poids que représente la communauté des Marocains à l’étranger qui provient de cette région.
C’est donc l’occasion idéale pour leur présenter les opportunités d’investissement immobilier, de les accompagner et de leur présenter également les différents moyens d’aide et d’assistance. Il faut dire aussi que le marché de l’immobilier dans la région se caractérise par une certaine atonie ces dernières années, qui interpelle plus d’un. Je considère alors que le SMAP représente une opportunité pour sonder le marché, étudier les besoins des intéressés et des clients potentiels, mais aussi de discuter avec l’ensemble des opérateurs pour pointer du doigt l’origine de ce manque de dynamisme.
Justement, comment expliquer ce manque de dynamisme ?
Le secteur immobilier dans cette région a une caractéristique principale qui fait que l’offre dépasse largement la demande et ce, dans tout les segments. Que ce soit pour le logement économique, moyen et haut standing, ou même les villas, l’offre est importante et très variée, à des prix très abordables. Cependant, en face, les acquéreurs ont levé le pied depuis quelques années déjà, en dépit de l’aubaine que présente la situation actuelle du secteur. Il faut savoir que la crise économique qu’a traversée le Maroc n’a pas touché que les villes à caractère fortement économique ou touristique. Elle s’est étendue également à la région de l’Oriental qui peine à se relever.
En tout cas, aujourd’hui, les prix ont chuté de 30% en moyenne pour le moyen standing et de 45% pour le haut de gamme. Un logement de moyen standing peut coûter actuellement 400 000 DH alors que son prix, cinq ans auparavant, ne descendait pas sous la barre de 550000 DH.
De même, un logement de haut standing dont le prix variait entre 1,1 et 1,3 MDH, ne coûte plus actuellement que 700 000 DH. On peut même trouver un logement de moyen standing à Saïdia à moins de 400 000 DH, pourvu que le propriétaire/promoteur trouve propreneur.
Du moment que les intentions d’acquisition ne se manifestent pas, le marché s’oriente-t-il vers la location ?
Pas du tout. La location n’existe pas dans la région de l’Oriental. Ce n’est pas par crainte mais c’est culturel. Les intéressés par l’immobilier à titre d’habitation ou d’investissement, soit achètent, soit restent chez leurs parents ou famille. Même les propriétaires n’ont pas encore intégré cette éventualité dans leur vision.
Un MRE peut disposer de 3 ou 4 biens immobiliers mais ne va en mettre aucun à la location.
Il considère que c’est un patrimoine, un héritage dont lui seul, et les membres de sa famille, peuvent en profiter.
S’agirait-il finalement d’une inadéquation entre les besoins exprimés et les biens immobiliers disponibles à la vente ?
En fait, l’apparition des logements économiques et sociaux avait tiré le secteur vers le haut. La communauté des Marocains à l’étranger s’y est fortement intéressée et avait acheté en masse. D’ailleurs, au tout début, les promoteurs immobiliers produisaient ce genre de logements dans les périphéries des villes vu le coût bas du foncier qui impacte directement le coût à la construction. Mais vu la demande grandissante sur ce type de produits, les promoteurs n’ont pas rechigné sur les moyens pour lancer ces projets à l’intérieur des villes aussi. Or je vous rappelle qu’il y a actuellement un tassement de la demande. De son côté, la clientèle n’est plus la même. Il y a eu un changement de mentalités et des besoins. Fini le temps où les acquéreurs potentiels exprimaient l’envie d’acheter un logement immobilier de grande superficie. Cette nouvelle génération est à la recherche de logements de superficie petite à moyenne, de 70 m2 en moyenne ; juste ce qu’il faut pour y habiter avec sa petite famille.
Pourrait-on espérer un jour voir le secteur immobilier devenir un moteur de développement de la région ?
Il l’était il y a plus de 5 ans. Il était considéré comme l’un des vecteurs de développement de la région, à côté d’autres secteurs économiques. Il peut encore l’être car la région dispose encore d’un grand potentiel. Le marché peut encore abriter des milliers de logements. Mais, tant que la demande ne suit pas, il est difficile de hisser le secteur en haut de la pyramide dans les conditions actuelles du marché.
