Au Royaume
Il n’y a pas 36 000 solutions
Il serait intéressant de connaître la proportion de ceux qui paient réellement une amende, parmi les milliers interceptés chaque jour par la police.
Entre ceux qui corrompent, ceux qui ont des relations, et ceux qui sont des «flane»…
Plus de 2 550 morts en huit mois. A ce rythme et au vu de l’hécatombe enregistrée depuis la rentrée, le Maroc risque fort de dépasser son record de 2008 : 4 162 morts. C’est à peu près le nombre de tués dans des accidents de la circulation en France, à la différence près que le parc automobile marocain compte 2,3 millions de véhicules quand celui de l’Hexagone est estimé à 37,2 millions. Soit 16 fois plus !
En 1988, le nombre de tués en France avoisinait les 12 000 et, comme chez nous, l’indiscipline constituait la cause principale des accidents. Les Français avaient alors pris des mesures draconiennes, certes comportant une bonne part de sensibilisation mais surtout reposant sur un dispositif coercitif assez musclé (amendes élevées, permis à points, radars automatiques) et une application sans faille de la loi. Résultat : le nombre de morts a été divisé par quatre en vingt ans !
Nous en sommes loin. Il serait intéressant de connaître la proportion de ceux qui paient réellement une amende, parmi les milliers interceptés chaque jour par la police et la gendarmerie en flagrant délit de contravention. Entre ceux qui corrompent, ceux qui ont des relations, ceux dont le patron est bien placé, ceux qui sont députés ou fils de…, ceux qui sont d’«honorables» médecins, juges, hommes d’affaires, hauts fonctionnaires, journalistes et ceux qui invoquent une famille à charge ou la pauvreté des moyens, il ne reste pas grand monde à sanctionner. Chez nous, le policier fonctionne à l’affect ou selon le statut social. Essaierait-il de faire son boulot qu’un coup de fil rendrait son travail nul et non avenu ou, pire, lui vaudrait une mutation. Et, allez lui demander après d’être motivé…
Ceci pour l’application de la loi, encore faut-il que l’organisation territoriale du contrôle soit optimale et que les moyens soient suffisants pour pouvoir ratisser large. Or, exemple simple : en ville, griller un feu rouge est devenu sans risque parce que le policier, à pied, n’a aucun moyen d’arrêter le cyclomoteur ou que l’immobilisation d’un autobus créerait une entrave à une circulation qu’il est censé gérer en parallèle. A côté de cela, dans certaines larges avenues, sans fréquentation piétonne, ou sur l’autoroute, à la faible probabilité d’accident, on trouve une escouade d’agents armés d’un radar ; dans les zones de loisirs, des policiers sont affectés à la traque de jeunes couples alors que certains points névralgiques manquent cruellement de contrôle. Assez de morts et de handicapés. Le seul moyen d’arrêter le massacre est de faire réellement payer les contrevenants.