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Au Royaume

Il fallait sauver le soldat Bush…

Personne ne conteste les crimes de Saddam Hussein, mais la décision de le pendre le jour de la plus grande fête musulmane relève d’une totale cécité politique doublée d’un mépris intolérable pour le monde musulman.

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Affaire pliée ! C’est ainsi que l’on pourrait résumer l’attitude des autorités américaines à  l’issue de l’exécution de l’ex-Président irakien Saddam Hussein.

Honteuse affaire en réalité. Voilà  un chef d’Etat renversé par une coalition étrangère sous un faux prétexte, livré à  un gouvernement contrôlé par un groupe religieux qui lui est hostile, jugé par un tribunal qui n’a pas offert à  l’accusé toutes les garanties d’un procès équitable, condamné à  mort et pendu un jour de fête musulmane, quelques heures seulement après la signature du décret officialisant son exécution, le tout sous l’Å“il bienveillant et calculateur de l’occupant américain.

Il faudrait être naà¯f ou aveugle pour ne pas voir dans ce geste une provocation qui risque de radicaliser un monde musulman déjà  vilipendé pour ses dérives et constamment sur la défensive depuis cinq ans. On peut aisément imaginer ce que ce simple choix de date aura pour conséquences : une haine encore plus féroce à  l’égard des Etats-Unis, un risque terroriste accru, une escalade de la violence en Irak et, surtout, une exacerbation des tensions entre chiites et sunnites qui pourrait déboucher sur un conflit régional dépassant de loin le cadre irakien.

Personne ne conteste les crimes de l’ancien chef d’Etat, mais la décision de le pendre le jour de la plus grande fête musulmane relève d’une totale cécité politique doublée d’un mépris intolérable pour le monde musulman. Quel que soit l’angle sous lequel on considère cet acte, la responsabilité des Etats-Unis est flagrante. Si le gouvernement irakien est réellement indépendant, il appartenait alors aux Américains d’user de leur poids pour éviter une telle faute. Dans le cas contraire, ils ont agi délibérément, au risque de plonger davantage le Moyen-Orient dans le chaos. Dans tous les cas, l’on peut supposer sans grand risque de se tromper que, pour des raisons de politique intérieure américaine, Georges Bush avait besoin d’un trophée à  accrocher à  son bilan. Il fallait sauver le soldat Bush.

Enfin, il faut bien se poser la question de savoir pourquoi l’ex-Président irakien a été pendu aussi rapidement pour un crime concernant 148 personnes alors qu’il devait être jugé pour une affaire encore plus grave, l’extermination de 180 000 Kurdes. Pourquoi ce procès, entamé le 21 août dernier, n’a-t-il pas été mené à  terme ? A-t-on quelque chose à  cacher ?