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Ibtissam Azzaoui : «Je rêve d’un Parlement où la parité soit une réalité»

Députée et membre du bureau politique du PAM, Militante associative dès son jeune âge, cette ingénieur des systèmes d’information a fait ses premiers pas dans la politique à l’âge de 25 ans. Elle a été cofondatrice de la première section de la jeunesse du PAM à l’étranger.

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Ibtissam Azzaoui

Elle fait partie de ceux qui préfèrent allumer une bougie au lieu de passer leur vie à maudire l’obscurité. Ibtissam Azzaoui, députée et membre du bureau politique du PAM, avait fait ses armes dans le milieu associatif. En 2011, à 24 ans à peine, elle est nominée pour être l’une des «Ten Young Outstanding Persons» de la jeune Chambre internationale. Deux ans plus tôt, elle était champion national de «Students In Free Entreprises» SIFE Morocco. Pendant cette période, elle multiplie les expériences. Elle a même été tentée un certain moment par la presse. C’est ainsi qu’elle a participé à la création d’un journal électronique «www.insafpress.com» et de «www.azzaouisport.com», également spécialisé en sport au Maroc. Un hommage sans doute à son père, M’hammed Azzaoui, ancien commentateur sportif vedette de la Radio nationale.
C’est en 2012 qu’elle décide de changer de cap. «J’ai fini par comprendre que le vrai changement ne pourrait venir que de l’action politique, et on ne peut faire de politique sans adhérer à un parti». Cela tombe bien, le PAM voulait créer sa toute première section des jeunes à l’étranger en 2012. Ibtissam Azzaoui, qui vivait à l’époque en France, a répondu à l’appel. Nous étions dans une période d’effervescence politique qui a suivi l’adoption d’une nouvelle Constitution. Le Maroc entamait un nouveau départ dans son déjà long processus démocratique. En tant que ministre porte-parole, elle a même fait partie du gouvernement parallèle des jeunes, une initiative inédite lancée par le mouvement associatif. Cette expérience lui a servi de banc d’essai pour sa future carrière de parlementaire.

De l’associatif à la politique

Elle décide alors de changer de cap. Au PAM, elle a rapidement gravi les échelons jusqu’à se retrouver membre du conseil national avant de devenir la plus jeune membre du bureau politique. C’était en 2016. La même année, elle est élue députée sur la liste nationale. De parents tous deux journalistes, Ibtissam Azzaoui a baigné, toute petite, dans la politique. Au point d’affirmer qu’elle l’a dans son ADN. Elle ne cache pas être tentée par un nouveau mandat, mais se donne le temps de réfléchir, considérant que le «Parlement n’est pas l’unique endroit pour faire de la politique». En effet, contrairement à certains de ses collèges, elle n’a pas cherché à faire du statut de député son gagne-pain à vie.
Ibtissam a déjà mis un trait sur une carrière financièrement prometteuse, mais continue de diriger sa propre société qu’elle a créée juste avant d’être élue députée, sans que cela ne l’empêche de se consacrer pleinement à sa mission de parlementaire. «C’est une question d’organisation», lance-t-elle. Dans son entourage on certifie qu’elle est parmi les députés les plus assidus, que ce soit lors des travaux de la commission des affaires étrangères dans laquelle elle siège ou lors des séances des questions orales et des séances plénières de vote.
L’assiduité, le sérieux, la passion pour son travail, elle les a dans les veines depuis le début de sa scolarité couronnée par un baccalauréat sciences mathématiques au célèbre Lycée Moulay Youssef. Après ses deux années de prépa, Ibtissam avait intégré l’Ecole Hassania des travaux publics à Casablanca, d’où elle est sortie ingénieur des systèmes d’information. Direction Paris pour un Master, dans la même spécialité, à l’Ecole centrale de Paris.

La diplomatie, son nouveau champ d’investigation

Faire partie de la commission des affaires étrangères et de la Commission mixte Maroc-UE l’a amenée à toucher de près à un domaine qu’elle ne connaissait pas, la diplomatie parlementaire. Poussée par sa curiosité, elle décide d’explorer davantage ce domaine en y consacrant une thèse de doctorat, tout en se focalisant sur la diplomatie marocaine en Afrique. Elle compte, si tout va bien, soutenir sa thèse l’année prochaine.
«Je veux capitaliser sur mon expérience pour réaliser un travail académique qui puisse servir de base pour améliorer l’action de la diplomatie parlementaire. Le Maroc est encore légèrement en retard dans ce domaine».
Sa nouvelle passion n’entame en rien son engagement en faveur de ses électeurs. La jeune députée s’intéresse particulièrement aux questions de la jeunesse et de la femme, mais on s’attendait moins à ce qu’elle soit l’auteur, récemment, de la première question écrite, rédigée en amazighe et transcrite en tifinagh, adressée au ministre de l’intérieur. Cet intérêt pour la langue et la culture amazighes ne découle pas d’une question d’appartenance. «Pour moi, c’est une passion ; je ne suis pas amazighe à 100%, mais je pense qu’il y a en tout Marocain une part d’amazighité qu’il se doit de sauvegarder et de promouvoir».
Comme pour ne pas passer l’éponge sur son ancienne vie de militante associative, elle planche actuellement sur une proposition de loi sur le crowdfunding. «En matière d’entreprenariat, les jeunes ne manquent pas d’idées, c’est l’accompagnement et le financement qui leur font défaut», explique-t-elle. D’où l’idée de s’inspirer d’expériences qui ont réussi à l’étranger. Evidemment, il reste beaucoup à faire. Et ce sont particulièrement les femmes et les jeunes qui font montre de plus d’initiative. «Dieu merci, nous avons ce mécanisme de la liste nationale», se réjouit-elle. «C’est une expérience qu’il faut enrichir, peut-être pas de la même manière, puisque je continue à croire que ce mécanisme doit être provisoire», commente-t-elle. Les partis politiques et l’Etat doivent mettre en place des mécanismes plus évolués et surtout moins sujets à ces pratiques qui détournent l’esprit et l’objectif de la liste nationale. «Il y a un travail à faire à ce stade. L’idéal bien sûr c’est d’avoir encore plus de femmes et encore plus de jeunes au Parlement. Je rêve d’un Parlement où la parité est une réalité», confie-t-elle.