Au Royaume
Highlanders politiques
En perdant son principal allié, le PJD et son chef, Abdelilah Benkirane, se retrouvent dans une situation difficile car ils doivent choisir entre deux options tout aussi risquées et inconfortables l’une que l’autre.

En perdant son principal allié, le PJD et son chef, Abdelilah Benkirane, se retrouvent dans une situation difficile car ils doivent choisir entre deux options tout aussi risquées et inconfortables l’une que l’autre : reconstruire la majorité en s’alliant avec ceux qui, hier encore, étaient des ennemis jurés du parti ou, pour ne pas le faire justement, aller de nouveau vers le laborieux exercice des urnes.
Alors au-delà des projections des uns, des inquiétudes des autres et des analyses, l’urgence c’est d’abord et avant tout le pays ! L’évènement, car c’est un évènement, est la preuve que notre démocratie est en marche. Que le PJD trouve un autre parti allié, comme le RNI, l’USFP ou autre, ou bien qu’il décide de recourir à des élections anticipées, il ne fera, en fait, que jouer la partition que la démocratie et la nouvelle Constitution lui accordent. Le fait qu’un poids lourd de la majorité, en l’occurrence l’Istiqlal, se plie à la volonté de ses bases pour claquer la porte en y sacrifiant des postes ministériels est assurément une pratique partisane d’un genre nouveau pour le Maroc. Toutes ces nouveautés sont, en tout cas, un bon signe et la preuve que la démocratie est en marche.
D’autre part, ceci apprend aux Marocains que nous sommes que la politique n’est pas aussi tranchante qu’elle puisse paraître. Le PJD et ses troupes auront mis du temps à l’apprendre à leurs dépens eux qui ont toujours été, ou en tout cas paru, des adeptes des principes et de la fermeté en matière de négociation, des positions tranchées et figées. Or la politique n’est pas un système binaire, ce n’est pas noir ou blanc. C’est même très souvent gris. Les ennemis jurés d’hier peuvent devenir les précieux alliés d’aujourd’hui et vice-versa. Raison pour laquelle, d’ailleurs, beaucoup de politiciens vous tiendront toujours un discours creux pour ne pas risquer de griller bêtement leurs cartes.
L’autre enseignement de taille qu’on peut aujourd’hui retenir de l’épisode actuel est qu’en politique, finalement, personne ne meurt !
Le RNI en est le parfait exemple. Voilà un parti que tout le monde disait fini et qui, soudain, resurgit de l’obscurité vers la lumière en devenant même aujourd’hui le parti qui détient la clé de toute l’équation. On peut en dire autant de l’USFP aussi. Cela s’explique par la nature même de la démocratie qui est basée avant tout sur le consensus, le dialogue, la négociation et donc n’exclut personne du champ de manière définitive. Tout cela certes est de nature à positiver la crise actuelle mais ne doit pas nous faire oublier le contexte économique qui, lui, ne supporterait pas de perdre encore un ou deux mois, voire plus, dans les discussions politiques, partisanes qui n’en finissent pas. On se rappelle encore comment en 2012 et 2013 les événements politiques ont impacté négativement l’économie, que ce soit à travers le retard des budgets ou à travers l’attentisme généralisé de la communauté des affaires.
Dix-huit mois ou presque ont été perdus et, vu comment la situation se présente, on risque d’en perdre encore davantage. Peut-on se le permettre ?
