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Au Royaume

Hammou Ouhelli, président de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges

Le fils de nomades devenu ministre et sommité du monde vétérinaire. Lauréat de l’IAV, il décrochera son doctorat à  Toulouse et bénéficiera d’une reconnaissance internationale pour ses travaux.

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Hammou Ouhalli 2012 07 13

La vie de Hammou Ouhelli est un vrai roman, même si, au fond, elle n’a rien de romanesque. Ce fils de nomades né dans les montagnes du Moyen-Atlas va réussir un premier exploit, car c’en est un : celui de faire des études. Puis de devenir vétérinaire, alors qu’il a rêvé devenir technicien agricole justement pour aider son père. «Je suis ignorant peut-être mais je sais que la clé de la réussite tient en deux mots : médecin ou ingénieur», lui avait dit son père lorsqu’il a réussi le concours de technicien. Ce sont ces mots qui vont le décider à s’inscrire à l’Institut agricole et vétérinaire (IAV) pour devenir le brillant vétérinaire qu’il est et qui va travailler, après son doctorat, à la conception de vaccins qui vont lui valoir une reconnaissance internationale. Puis, voyant que sa région est restée dans l’exclusion d’antan, il va s’engager dans la politique pour devenir conseiller communal puis parlementaire et enfin secrétaire d’Etat à la solidarité dans le gouvernement Youssoufi. Autant dire que la vie n’a pas du tout été un long fleuve tranquille pour cet homme. Loin s’en faut.

Il a démarré en tant qu’enseignant à l’IAV avec un salaire mensuel de 2 100 DH

Mais revenons au début de l’histoire. Hammou Ouhelli est né en 1953 à une quinzaine de kilomètres d’Azrou, dans la commune de Oued Ifrane, plus exactement à Afennourir dans une famille nombreuse. Il est le deuxième enfant d’une fratrie qui en compte onze. Son père va prendre la décision salutaire de sédentariser la famille à Azrou pour que sa progéniture ait accès à l’école. C’est grâce à cela que le jeune Hammou a fait ses études primaires alors qu’il ne connaissait pas un traître mot de l’arabe et où le maître devait gérer des classes de cinq niveaux (CP, CE1, CE2, CM1 et CM2) dans un même cours. Puis à 10 ans, ce sera l’internat au fameux lycée Tarik bnou Ziyad. En 1970, il doit aller à Meknès -comme tous les candidats de Khémisset, El Hajeb, Khénifra, Ouarzazate et même Nador- pour passer son bac série sciences expérimentales et ce sera, se souvient-il, l’occasion de visiter une grande ville pour la première fois de sa vie.
Heureusement pour Hammou Ouhelli, les bacheliers de son époque reçoivent une bourse d’office et il sera nourri, logé et recevra 200 DH d’argent de poche par semaine. Bref, ce sera le paradis pour lui mais le régime estudiantin à l’IAV est sévère avec une année scolaire de 11 mois sur 12. Au bout de cette formation, il va choisir l’enseignement au sein du même institut à partir de 1976 et son premier salaire de 2 100 DH restera gravé dans sa mémoire. Il rêve de décrocher son doctorat et ce sera à l’Institut national polytechnique de Toulouse qu’il va l’obtenir.
Entre-temps, il va faire par la suite partie d’une équipe de chercheurs en Allemagne qui s’active, entre 1979 et 1981, à développer un vaccin contre la theilériose, une maladie méditerranéenne qui s’attaquait notamment au Maroc aux vaches importées. Il obtient son doctorat en 1985 et va alors trouver un financement pour l’équipement d’un laboratoire à l’IAV pour développer ses recherches sur d’autres maladies comme celle appelée kyste hydatique à qui il consacrera un livre, en plus de dizaines de publications dans des revues spécialisées européennes.

Il a été élu conseiller communal en 1992, puis parlementaire une année après

Mais dès 1976, il commençait déjà à s’intéresser à la politique et avait pensé se présenter aux communales. Sous l’étiquette PPS, il n’avait aucune chance à l’époque de Driss Basri de se voir élire. Et en 1992, sa tribu va se mobiliser pour qu’il soit candidat unique et il va alors l’emporter haut la main. En 1993, il est élu au Parlement et sera président de la Commission économique en charge de la PME et des anciens combattants et sera associé à la rédaction du code du commerce. En 1998, il est nommé au sein de l’équipe Youssoufi comme secrétaire d’Etat à la solidarité.
Hammou Ouhelli est d’un dynamisme peu commun. Il a été membre du Conseil consultatif des droits de l’homme comme il a été administrateur de la Fondation Mohammed V pour la solidarité et membre de l’Observatoire national du développement. Sans compter qu’il est très actif dans le domaine associatif. Il est président de l’Association Taymate pour les arts de l’Atlas qui organise le Festival Ahidous mais aussi fondateur de l’association de microcrédit Tawada qui s’active dans des localités exclues comme Azrou, Timahdit, Oulmès et Errachidia. Bref, Hammou Ouhelli est un homme engagé et ce n’est que récemment qu’il a pris ses distances avec la politique et a même renoncé à son poste d’enseignant-chercheur. Mais il est toujours sur plusieurs fronts car depuis 2008, il est président de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (Fiviar). Sur le plan professionnel, il est, depuis 2005, dg de Ranch Adarouch, propriété de Othmane Benjelloun, qui emploie 150 familles et élève bon an mal an entre 5 000 et 6 000 bêtes. Son chantier à la tête de la Fiviar est d’organiser les filières des nombreuses associations que compte le regroupement. L’idée est de professionnaliser le secteur et il est fier du contrat programme signé par l’Etat et la fédération en 2008 mais aussi du premier salon du genre organisé par la Fiviar qui vient de se tenir du 6 au 8 juillet courant.