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Au Royaume

Hamid Benazzou, DG de l’ONSSA

Monsieur Sécurité alimentaire du Maroc, Il voulait être médecin ou agronome, mais il est devenu un vétérinaire passionné.

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Benazzou hamid 2011 02 18

La carrière du Dr Hamid Benazzou est une belle fenêtre sur la génération née dans les années cinquante. Celle de ceux qui, plutôt défavorisés socialement et économiquement, ont choisi de s’en sortir par les études et ont choisi, un peu par obligation, le service public avant d’y prendre goût. Le Dr Hamid Benazzou a voulu d’abord être médecin ou agronome. Mais il est devenu vétérinaire parce qu’il y avait, à l’époque, un manque dans la discipline. De plus, cette spécialité correspond à son tempérament de curieux et d’homme attiré par les défis. D’ailleurs, tout au long de sa carrière, il a toujours été appelé pour des missions difficiles comme la mise en place du laboratoire national de contrôle des médicaments vétérinaires dont il a été la cheville ouvrière et le premier directeur ou encore la création de l’Office national de la santé et de la sécurité alimentaire (ONSSA) qu’il dirige actuellement.
Hamid Benazzou est né en 1949 à El Hajeb dans une famille moyenne dont il est le fils unique. Son père est fonctionnaire et sa mère naturellement femme au foyer, dans ce Maroc profond. Il se rappelle encore avec beaucoup de fraîcheur de ses études primaires et du CEP que les élèves de sa ville devaient passer à Meknès. C’est un élève brillant dans une école dont le directeur et les enseignants sont pratiquement tous français. Il raconte qu’il fut naturellement attiré par la biologie, les mathématiques et la physique dès les premiers pas au collège.
Comme il est parmi les premiers, une bourse de mérite lui est attribuée après un bac «sciences expérimentales» obtenu en 1968. Il part alors pour une année de prépas au lycée Champollion à Grenoble. C’est le premier voyage du jeune Hamid Benazzou. Comme la bourse de l’époque (500 FF par mois) ne le met pas à l’abri des fins de mois difficiles, il exerce de petits boulots dans le gardiennage ou dans la restauration pour tenir.

Un vétérinaire français lui propose de reprendre son cabinet mais il préfère rentrer au pays

Il suit des études de vétérinaire et quand il obtient son diplôme, il est embauché par un cabinet d’un vieux vétérinaire qui lui propose de lui succéder. Peine perdue, Hamid Benazzou veut rentrer à tout prix, après avoir soutenu sa thèse à l’Université nationale vétérinaire de Lyon en 1976. Dès qu’il met les pieds dans le pays, on lui signifie qu’il est lié par un contrat de huit ans avec l’administration. Il est alors affecté à Ouarzazate comme médecin vétérinaire, à l’Office de mise en valeur agricole de la région (OMRVA) pour un salaire convenable à l’époque : 2 500 DH. Il fait alors son apprentissage en santé animale. Le jeune vétérinaire est si appliqué dans son travail qu’il va devenir rapidement chef de service en 1978, avant d’assurer l’intérim du directeur à partir de 1980. Il apprend à gérer d’abord les hommes puis les dossiers durant cette première expérience où il s’attelle à travailler sur la problématique de la santé animale et de l’amélioration de parcours. Puis en 1981, il est promu chef du service de l’élevage, mais ce sera à l’ORMVA du Gharb. Parmi les missions qui lui sont confiées dans le cadre de la mise en valeur du projet Sebou, figurent l’amélioration de la vallée du Gharb, le suivi de la production laitière par l’encouragement des coopératives, l’accompagnement de l’industrie de la transformation et les cultures intégrées, notamment celle de la betterave. Dans le même temps, le projet de la grande irrigation va aussi être parmi les chantiers prioritaires.
Mais voilà que l’épidémie de la fièvre aphteuse en 1983 et l’épidémie de la peste équine font leur apparition. Hamid Benazzou s’appuie alors sur sa capacité de persuasion et son esprit d’équipe pour sensibiliser les agriculteurs et mobiliser ses collaborateurs. Un autre moment de cette période cruciale est le montage de la première opération d’importation des génisses américaines qu’il est allé chercher dans le Minnesota, au nord des Etats-Unis. Le Dr Benazzou se remémore même du nombre de bêtes (600) qu’il ramène au Maroc et en avion SVP. D’autres opérations ont suivi, en Europe cette fois-ci. Dans le cadre des ses responsabilités, il est à l’origine de la création de la première coopérative des éleveurs des bovins du Gharb tout en travaillant sur l’introduction des déchets de betterave dans l’alimentation des animaux ou encore l’insémination artificielle.

Homme de terrain, mais aussi manager confirmé

Au bout de cette longue période qui a duré de 1981 à 1993, il est nommé directeur du Laboratoire national de contrôle des médicaments vétérinaires. Là aussi, le Dr Hamid Benazzou fait montre de beaucoup de talent et de créativité pour cette nouvelle institution dont il a même géré la construction du siège. Et ce ne fut pas une mince affaire car le coût total du projet, murs et équipements compris, était de l’ordre de 50 MDH. Mais le jeu en valait la chandelle car le Maroc, hormis l’Afrique du Sud, était le seul pays dans le continent à posséder une telle unité. Mais, surtout, cela a changé complètement la donne puisque le pays disposait enfin d’un outil pour valider la fabrication des médicaments vétérinaires mais aussi d’une instance de recherche digne de ce nom. D’ailleurs, le laboratoire est à l’origine de plusieurs publications et études en microbiologie.
Entre 2001 et 2005, le Dr Hamid Benazzou est à la tête de la division de la santé animale du Maroc, un domaine qu’il connaît bien pour l’avoir supervisé au niveau du Gharb. Mais, là, il va élaborer la stratégie nationale pour ce qui est de la lutte contre la tuberculose animale, la grippe aviaire et le programme de lutte contre la rage ainsi que l’élaboration de tous les textes réglementaires afférents à cette nouvelle vision. Entre 2005 et 2009, on lui confie la direction de l’élevage et il commence d’abord par l’organisation des filières et des professionnels avant d’en arriver à des contrats programme. Depuis 2010, alors qu’il est rattrapé par la retraite, on lui demande de rester en service pour suivre l’épineux dossier de la création de l’ONSSA. Une mission qu’il remplit à cœur en véritable soldat de la fonction publique.