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Au Royaume

Guerre des mémoires

Après coup de Mr Et-Tayeb Houdaifa.

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rub 16731

Le football n’est pas qu’un sport. A preuve, la polémique soulevée par le récent sacre du Wydad. Le dix-septième, soutient un camp, juste le douzième, rectifie le camp opposé. L’un refuse de valider les cinq titres obtenus par les Rouge et Blanc avant l’Indépendance; l’autre ne comprend pas qu’on tente de les passer à l’as, alors qu’ils sont parfaitement légitimes, puisqu’ils ont couronné une équipe composée exclusivement de musulmans. L’argument se veut imparable, mais il ne s’avère ni suffisant ni nécessaire. De fait, le Wydad a été le rêve réalisé de nationalistes de la première heure qui, par principe, fermaient les portes de leur club aux non musulmans. Blessé dans son orgueil et surtout alarmé par l’influence d’une équipe devenue l’orgueil des Marocains, l’occupant imposa un quota de Français aux clubs. Le Wydad dut se plier au diktat, sans courber l’échine. A Sidi Bel Abbès, ses joueurs refusèrent d’entrer sur le terrain avant que le drapeau marocain ne fût hissé. Au président René Coty qui, épaté par sa prestation lors d’une finale, invita le Bordelais Abdesslam à formuler un vœu qu’il lui exaucerait, le transfuge du Wydad répondit que la chose qui lui tenait à cœur était le rétablissement de Mohammed V en son Trône. Non, le Wydad n’a pas à rougir de ses sacres anciens, ceux qui exigent qu’on les lui retire font fausse route. Car cela reviendrait à en renier les acteurs. Or, ils font notre fierté. Que l’on songe à la triplette Driss-Abdesslam-Chtouki ! Si l’on allait par là, il faudrait alors effacer toutes les traces du Protectorat, autrement dit gommer un pan de notre mémoire. Si douloureux soit-il, il est inscrit dans notre histoire et ne saurait en être occulté. La preuve par dix-sept.