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Au Royaume

Géométrie variable

La presse évolue dans
une sorte de statu quo où les limites ne sont pas celles fixées
par les textes réglementaires.

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L’affaire de l’homosexualité prétendue du ministre des Finances, déclenchée par l’hebdomaire Akhbar Al Ousbou, dans son édition du 9 avril, a suscité indignation et réprobation au sein de l’opinion publique.
Ce n’est pas la première fois que de telles dérives sont observées. A l’heure où la presse jouit d’une liberté qu’elle n’avait jamais connue auparavant, les dérives de certains journaux en quête de sensationnalisme se sont accentuées. L’atteinte à l’honneur et à la vie privée est devenue monnaie courante.
Il est toutefois malheureux de constater qu’il a fallu la conjonction de plusieurs éléments pour que les autorités et la presse elle-même s’en émeuvent.
Le premier élément est que la personne diffamée est un ministre. Un simple citoyen n’aurait sans doute pas bénéficié du même intérêt.
Le deuxième est que l’information a été publiée par un journal de «seconde zone», dont la sphère d’influence n’est pas étendue et dont le proriétaire a quelque chose à se reprocher.Quand ce sont des journaux connus qui diffament des citoyens, l’Etat, qui a pourtant la responsabilité de réagir, ferme les yeux de peur de retomber dans le cas du «journaliste martyr». Et quand il réagit, ce n’est pas en conformité avec la loi.
Où est le Code de la presse dans tout cela ? Ministre ou citoyen, journal célèbre ou canard de province, cette loi est censée être la même pour tous, en protégeant les premiers contre les dérives des seconds, sans distinction aucune pour la qualité des uns et des autres.
Aujourd’hui, et malgré des précédents, ce n’est pas le cas. La presse évolue dans une sorte de statu quo où les limites ne sont pas celles imposées par les textes réglementaires. Elles peuvent avancer ou reculer selon le contexte, les amitiés et les rapports de force. L’Etat n’assume pas ses responsabilités.
Il n’est pas le seul. La presse ne les assume pas non plus. Souvent mue par un réflexe corporatiste, elle s’abstient de prendre position par rapport aux dépassements des confrères alors qu’elle devrait être la première à instaurer et respecter des règles d’éthique au sein de la profession.
Résultat, des citoyens sont injustement accusés et la presse, qui perd chaque jour en crédibilité vis-à-vis de ses lecteurs, est montrée du doigt. Que celui qui n’a jamais entendu de réflexions du genre : «la presse écrit n’importe quoi pour vendre», ou encore : «les journalistes sont tous des corrompus» me jette la première pierre