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Au Royaume

Fouzi Lekjaa, directeur du Budget

Le plus jeune directeur du Budget dans l’histoire des Finances. Après une formation à  l’ENA, il rejoint l’inspection des Finances en 1996. Il coiffera deux divisions sensibles et sera impliqué dans les principaux accords agricoles.

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Lakjaa Fouzi 2011 01 14

Derrière les lunettes de vue perce le regard d’un homme fier d’être là où il est aujourd’hui. Il semble satisfait d’un parcours sans faute commencé, il y a à peine quinze ans, comme inspecteur au ministère des finances. Il est vrai qu’il n’est pas donné à tous les cadres de ce puissant ministère de devenir directeur, et encore moins d’être celui du Budget, à 40 ans à peine. Une première dans l’histoire de l’institution. Fouzi Lekjaa a pu y arriver. Mais on a l’impression en l’écoutant égrener les grandes étapes de sa vie, d’une voix sûre, que l’homme n’a pas encore atteint le faîte de son parcours. Dans les couloirs du ministère on reconnaît à l’homme deux grandes qualités : une capacité de travail exemplaire et le sens du travail en équipe.

Président d’honneur de la Renaissance sportive de Berkane

C’est le 23 juillet 1970 que naît Fouzi, à Berkane, dans une famille modeste. La mère est femme au foyer. Le père, enseignant, devenu en fin de carrière inspecteur, est d’un tempérament conservateur, mais sans afficher un autoritarisme brutal. Le fils prodige le décrit comme ouvert et très soucieux de l’éducation de ses quatre enfants, tous des garçons. Il n’aura pas été déçu. Un des frères Lekjaa est lauréat de la Sorbonne, un autre de Dauphine, un troisième docteur en économie. Quant à Fouzi, il est ingénieur agronome. Mais revenons au début. Enfant, il a passé toute sa jeunesse à Berkane où il a effectué ses études primaires et secondaires. Fouzi Lekjaa est passionné de football et de colonies de vacances. Il a même été joueur au sein de l’équipe junior de l’équipe locale, la Renaissance de Berkane, dont il deviendra président une fois adulte (il y est encore président d’honneur). La passion du foot ne l’a toujours lâché puisqu’il est actuellement membre de la Fédération royale marocaine de football. Quant aux colonies de vacances, son autre passion, ils furent sa deuxième école. C’est à 9 ans qu’il y est allé la première fois, à Mohammédia. «Ce fut un moment fort de ma vie d’enfant et d’adolescent. Rencontrer et vivre avec deux cents enfants un mois et demi par an depuis l’âge de neuf ans m’ont conféré plus d’ouverture d’esprit et de discipline», confie-t-il un brin nostalgique.

Il hésite entre la médecine et l’ISCAE

Une fois le bac sciences expérimentales en poche en 1988, Fouzi Lekjaa avoue avoir hésité entre l’Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (ISCAE) et la médecine. Aucune des deux filières finalement. Il opte pour l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV) de Rabat, sous l’influence de deux oncles qui ont fréquenté le même établissement. A 18 ans, il est dans la capitale pour son année préparatoire d’études supérieures agronomiques (APESA). Ce fut une année «pleine et difficile», se remémore-t-il. Diplôme en poche, six ans plus tard, c’est au ministère de l’agriculture, comme beaucoup de lauréats de l’IAV, qu’il entame sa carrière professionnelle. Plus précisément, c’est au sein de l’Etablissement autonome de contrôle et de coordination des exportations (EACCE), à Casablanca, que débute sa carrière. Il ne s’imaginait pas que son parcours allait connaître une inflexion majeure. Parallèlement à son travail, il poursuivra un cycle de formation à l’Ecole nationale d’administration (ENA) et se classe parmi les premiers. Sa voie était toute tracée pour une carrière d’inspecteur des finances qu’il embrassera «sans trop réfléchir», avoue-t-il. En 1996, il intégrera donc l’Inspection générale des finances (IGF). «Le travail aux côtés d’un profil comme Ali Benbrik, alors inspecteur général des finances, m’a appris beaucoup de choses. Ce fut une chance pour moi de le rencontrer», se rappelle Fouzi.

Il a géré les budgets de la Défense nationale, de l’Intérieur et des Affaires étrangères

Au cours de l’année 2000, c’est dans le cadre de la mobilité interne qu’il rejoint la direction du Budget au sein de laquelle il occupera le poste de chef de la division des secteurs administratifs, celle qui s’occupe des finances des départements de souveraineté comme la Défense nationale, l’Intérieur ou encore les Affaires étrangères. «On y apprend beaucoup», souligne-t-il, refusant d’en dire plus. Trois ans plus tard, il rejoint la division du secteur agricole et de la compensation au sein de laquelle il restera sept ans. Ce sera la période de la maturité. Membre de l’équipe de négociation de l’accord de libre-échange avec les USA, interface entre les Finances et l’Agriculture pour la mise en œuvre du Plan Maroc vert, acteur des négociations sur l’accord agricole avec l’Union européenne, il donnera la pleine mesure de ses talents jusqu’au jour où, en mai 2010, Samir Tazi, le directeur adjoint du Budget, hérite de la direction des entreprises publiques. Tout naturellement, c’est Fouzi Lekjaa qui décroche le poste, puis sept mois plus tard, la tête de la direction, à la faveur du départ de son prédécesseur en retraite.
Depuis le 6 janvier dernier, il dirige l’un des départements clés du ministère des finances, avec ses 300 employés et hauts cadres. Une direction qui joue, notamment, un rôle dans la mise en œuvre des stratégies sectorielles. La Loi de finances annuelle en sort, après «de longues semaines de préparation, 14 heures de travail par jour, et des nuits sans sommeil», lâche le nouveau directeur du Budget. Quelle est sa vision ? Accélérer, répond-il, les grands chantiers déjà  commencés et former plus de ressources humaines. «Il faut élaborer une nouvelle organisation du développement, et de nouvelles stratégies sectorielles», estime M. Lekjaa. Et, surtout, ajoute-t-il, «il faudra réformer la loi organique des Finances publiques avec toutes les implications logistiques et le résultat de performance que cela entraîne». Du pain sur la planche…