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Au Royaume

Former qui ou former combien ?

Lancer un plan d’urgence pour former les ressources de demain est une bonne idée. Il faut cependant que l’Etat fournisse les moyens car produire des milliers de lauréats n’ayant pas
le niveau revient à  aggraver le problème.

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C’est assurément une très bonne nouvelle pour l’économie nationale. Le Souverain vient de donner le coup d’envoi d’un plan d’urgence visant à pallier le manque de ressources humaines dans les secteurs porteurs de l’économie, notamment ceux identifiés par le plan Emergence.

Le besoin était vital, la réaction est à la mesure de l’urgence. Moteur principal de cette montée en charge de la formation : l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT).

Il reste cependant à régler deux problèmes, et, surtout, à profiter des erreurs du passé. En 2002, le gouvernement Jettou avait annoncé le doublement des effectifs des stagiaires de l’OFPPT. En cinq ans, ils devaient passer de 200 000 à 400 000.

L’idée ? Utiliser à temps plein les centres de formation en opérant des roulements entre classes et louer des locaux plutôt que de les acheter pour ouvrir de nouveaux centres et accroître la capacité.

L’objectif a plus ou moins été atteint, mais au prix de quels sacrifices ? Il faut prendre le temps de sonder les opérateurs économiques et l’on se rend alors compte que, devant la pression de l’objectif à atteindre, la qualité de la formation a baissé.

Il faut parler à des formateurs exerçant au sein d’instituts de technologie appliquée (ITA), en région, pour se faire expliquer, sous le couvert de l’anonymat, que des stagiaires deviennent lauréats sans avoir le niveau nécessaire.

La pression des objectifs…
Le second problème, lui, a trait aux moyens. Doubler les capacités hier et lancer un plan d’urgence aujourd’hui nécessite une enveloppe budgétaire à la mesure des ambitions. Or, ces moyens n’ont pas suivi à proportion des besoins.

90 MDH ont été ponctionnés, avec l’aval du ministère des finances, sur les ressources provenant de la taxe de formation professionnelle et dédiées aux remboursements des contrats spéciaux de formation. Et pour la suite ? Comment faire pour les 650 000 lauréats prévus d’ici 2013 et les ressources à former dans le cadre du plan d’urgence ? S’agit-il de vider les contrats spéciaux de formation de leur substance au risque d’obérer le développement des entreprises ? S’agit-il de faire des cycles de formation courts, de surcharger les classes en effectifs ou de surseoir aux travaux pratiques pour faire des économies ? La formation professionnelle a été une alternative efficace, face à la faillite du système d’enseignement classique.

Il ne s’agit pas d’en faire une usine à produire des chômeurs. L’Etat doit lui donner des moyens.