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Fin de récréation SVP

Il est du devoir de l’Etat, arbitre, de rendre la transhumance extrêmement difficile, de sorte que ces électeurs qui ont confié leurs voix à  un parti ne se sentent pas trahis.

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Il y a un an, une bataille judiciaire opposait le Parti authenticité et modernité (PAM) et le ministère de l’intérieur à la veille des élections communales. L’administration refusait que des députés d’autres formations politiques puissent se présenter aux couleurs du PAM pour les communales, arguant que la loi sur les partis interdit la transhumance  en cours de mandat. Mais cette même loi offre une porte de sortie aux élus volatils : changer oui, mais en s’acquittant d’une amende. Juridiquement, donc, le PAM était dans son plein droit.

En octobre dernier s’ouvrait la session parlementaire d’automne. En toute logique, il fallait que les élus ou leurs nouveaux partis d’appartenance passent à la caisse. Sauf que c’est plus compliqué qu’on pense. Ces mêmes partis qui ont perdu des militants en ont gagné d’autres, venus d’ailleurs et que l’on ne pouvait pas, par décence, ester en justice, et prendre le risque de se fâcher entre formations politiques dans un milieu où l’on ne sait pas de quoi et avec qui seront faites les alliances de demain. Tout le monde a donc joué le jeu et les grands partis ont grossi leurs effectifs.

En 30 mois, 111 opérations de transhumance ont eu lieu. 82 députés ont changé de couleur politique, certains l’ayant fait plus d’une fois. Les motifs qui poussent à de tels gestes, que l’éthique réprouve, n’ont rien à voir malheureusement avec l’idéologie. Ils relèvent le plus souvent de l’ambition d’être bien placé pour accéder à un poste de députation, de concourir en tête de liste là où c’est possible, de rejoindre une formation supposée plus apte à donner les meilleures chances de prendre l’ascenseur social de la politique. En somme, on est loin de l’époque où la transhumance était occasionnelle, liée à des mouvements d’humeur ou des ruptures avec son parti. Aujourd’hui, on change de parti sans en rougir.

Tout cela contribue à décrédibiliser davantage le monde politique. En 2007, 35% seulement des électeurs inscrits ont voté. Ils ont confié leurs voix à un candidat qui représentait un parti. Combien d’entre eux sont aujourd’hui déçus de voir que leurs voix ont été sacrifiées sur l’autel des ambitions personnelles ? Combien ne voteront pas en 2012 ?

Il appartient à l’Etat, arbitre, de siffler la fin de la récréation, non pas en interdisant catégoriquement la transhumance, ce qui de toute évidence serait anticonstitutionnel, mais en faisant en sorte qu’elle devienne une exception et surtout qu’on ne trahisse pas ce contrat passé avec un électeur qui ne sait plus qui joue avec qui et contre qui.