Au Royaume
Filon inexploité
Les instances qui se sont occupées de l’organisation de la COP22 n’ont pas encore rendu public le bilan chiffré de la manifestation, surtout en ce qui concerne l’aspect non pas scientifique mais logistique, notamment l’affluence qu’a connue la ville de Marrakech et sa région durant le mois de novembre et ses retombées.
Aujourd’hui, le seul chiffre disponible et qui n’est encore qu’approximatif est celui des 30 000 personnes environ qui auraient séjourné dans la ville ocre au titre de leur participation à la conférence. Mais ni les hôteliers de la ville, ni d’autres professionnels concernés, ni les autorités de la ville n’ont encore dressé un bilan précis. Pourtant, faire un débriefing public après la COP, dresser l’inventaire de ce qui a bien fonctionné mais aussi les ratages, en plus de procéder de la logique de bonne gouvernance, serait un exercice fort instructif pour tout le monde, que ce soit les opérateurs touristiques, les entreprises qui ont contribué à l’organisation ou encore ceux qui sont en charge d’élaborer les stratégies touristiques du pays.
Car la COP22, en réalité, n’est qu’un petit exemple parmi tant d’autres de ce que pourraient gagner des villes marocaines comme Marrakech, Casablanca, Rabat, Agadir ou Tanger en abritant des conférences, forums et autres événements d’envergure mondiale. Les études sur l’industrie touristique ont toutes établi qu’un événement comme la COP va inévitablement générer dans les deux à trois années à venir une affluence de touristes parmi ceux qui étaient là en novembre pour des raisons professionnelles et qui, charmés, ont décidé d’y revenir pour y passer quelques jours de vacances.
Faire le point et le bilan de la COP22 serait une excellente occasion pour comprendre les leviers du tourisme d’affaires, un segment auquel le Maroc ne s’est jamais vraiment intéressé de manière sérieuse. Pourtant, le tourisme d’affaires ou ce qui est connu sous l’acronyme MICE (Meetings, Incentive, Conferences and Exhibitions) représente aujourd’hui un marché gigantesque à nos portes. En 2015, il s’est tenu à travers le monde pas moins de 12000 conférences internationales de plus ou moins grande envergure que la COP22 de Marrakech. Le Maroc, pourtant aux portes de l’Europe, en a capté à peine 36 au moment où une ville comme Berlin, à elle seule, en a abrité 200.
Quelque 120 milliards d’euros ! C’est le chiffre d’affaires que peuvent dépenser chaque année les entreprises et différentes institutions privées ou publiques d’Europe de l’ouest pour l’organisation des rencontres internes ou internationales. Trois pays comme la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni constituent à eux seuls un marché émetteur de tourisme d’affaires qui pèse 70 milliards d’euros par an. Il est peut-être temps de revisiter notre Vision 2020 pour le tourisme…