Evénement
Enseignement, la réforme de fond sur les rails
Avec l’installation de la Commission des curricula, c’est un nouveau palier qui vient d’être franchi dans le long processus
de la réforme du système éducatif. Éclairages.

La réforme de l’Éducation est un tout indivisible. Si par le passé la démarche était plutôt «séquentielle», voire «partielle», et c’était l’erreur à ne pas commettre, l’actuel gouvernement est mû par la volonté de mener ce chantier dans toutes ses dimensions. Le côté infrastructurel va son bonhomme de chemin, avec, d’année en année, de nouveaux établissements scolaires qui s’ouvrent ou d’autres qui sont mis à niveau. Côté ressources humaines, on sait où on en est, aujourd’hui, avec l’intérêt tout particulier accordé au corps des enseignants, mais aussi administratif, pilier central et porteur de la réforme voulue. Voilà qu’on passe au fond. Avec à la clé l’installation officielle de la Commission permanente chargée du renouvellement et de l’adaptation continus des curricula, programmes et formations. Une nouvelle pierre dans l’édifice, en construction, qui a pour ambition d’aller vers «l’école publique de qualité» que tout le monde appelle de ses vœux.
C’était écrit noir sur blanc dans la feuille de route 2022-2026, et la vision est en train d’être traduite en actes. Palier par palier. Or, il s’agira pour la Commission de mettre à jour, de manière constante, les curricula et les référentiels des formations, mais aussi de les adapter aux évolutions pédagogiques modernes. Cela passera, on s’en doute, par la mise en place d’un plan d’action intégré couvrant le court, le moyen et le long terme, comme le dira le ministre de tutelle. On comprend que ce n’est pas une initiative ponctuelle, mais un processus désormais installé dans le temps.
Un espace de réflexion et de suggestions
Lors de l’installation de ladite commission, Chakib Benmoussa n’a pas manqué de relever que l’objectif, in fine, consiste à établir un modèle pédagogique basé sur la consolidation des acquis, l’amélioration de l’apprentissage et le contrôle des compétences. Le but étant que l’éducation et le système de formation, en tant qu’ensemble, s’inscrivent dans une dynamique durable de transformation et de renouveau permanent.
C’est d’autant plus vital de disposer d’un espace de réflexion, d’étude et de recherche, mais également de suggestions, pour accompagner le processus de la réforme quand on prend en ligne de compte les évolutions technologiques et sociétales que connaît le pays. Habib El Malki, président du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS), l’a d’ailleurs rappelé dans son intervention, en notant que «le processus de réforme au cours des deux dernières décennies montre l’importance que revêt la question des curricula dans le système éducatif», dans le sens de l’adapter au développement technologique que connaît le monde et qui, on en convient, n’est pas sans impacter le pays.
Un environnement qui a conduit, a-t-il argué, à «la nécessité de réfléchir à reformuler des programmes éducatifs» pour faire en sorte qu’ils soient à même de suivre «ces évolutions et, partant, contribuer à la formation d’un apprenant créatif, imprégné des valeurs de citoyenneté et d’identité, de valeurs sociales et sociétales et d’ouverture». Habib El Malki étaiera son propos en rappelant que l’installation de cette commission «répond à une demande prioritaire émise par le Conseil, qui est convaincu de son rôle central et de son caractère décisif dans l’amélioration de la qualité du système éducatif».
Et on ne risque pas de «déchanter» quand on apprend que le choix a été porté sur la personne du chercheur, sociologue, anthropologue et non moins penseur Mohamed Sghir Janjar pour présider aux destinées de cette commission. Pour le docteur en anthropologie sociale et culturelle, il s’agit d’«un nouveau mécanisme de consolidation de la réforme du système éducatif au Maroc», visant à assurer son «ouverture sur ce qui se passe dans le monde, mais en même temps la consolidation de l’identité et des valeurs nationales dans les différentes étapes du processus éducatif». Conscient de l’ampleur du travail qui l’attend, ainsi que les 35 membres qui l’accompagnent, Janjar relèvera que la mission de cette commission «est un chantier ouvert pour des années», étant entendu que «l’école marocaine est amenée à se renouveler sans cesse pour faire face aux défis du monde contemporain».
Le chantier est laborieux certes, mais on compte bien sur la conjugaison des backgrounds des 35 membres de ladite commission qui regroupe des représentants gouvernementaux, des institutions constitutionnelles et autres experts dans divers domaines. Une conjugaison devant contribuer à une vision holistique de l’Éducation et de la formation.
EN PERSPECTIVES
La mission de la Commission permanente chargée du renouvellement et de l’adaptation continue des curricula, programmes et formations n’est pas une mince affaire. En effet, il s’agira pour Mohamed Sghir Janjar et son équipe de plancher sur la révision des programmes pédagogiques, en ayant pour socle l’identité nationale, mais aussi en ayant présents à l’esprit les besoins de la société et de l’économie du pays dans un monde en mutation permanente. Son rôle est d’autant plus crucial du fait qu’elle est censée accompagner les innombrables projets constitutifs de la réforme du système éducatif dont particulièrement le projet des écoles pionnières, mais aussi la refonte des programmes scolaires du collège, ainsi que l’enseignement des langues, pour ne citer que ceux-là.
