Au Royaume
Et le devoir de solidarité ?
2 500 milliards d’euros promis pour réparer les erreurs des financiers.
Seulement 80 milliards pour l’aide au développement et 765 millions pour la recherche sur le sida.
Près de 2 500 milliards d’euros ! C’est le montant global que les pays riches, Etats-Unis et Union Européenne pour l’essentiel, se sont engagés à débloquer pour sauver le système financier mondial de la débâcle et, au-delà, essayer de remettre à flot une économie mondiale déjà très éprouvée par la flambée des prix des produits de base enregistrée durant ces deux dernières années.
Ce chiffre qui donne le vertige montre l’ampleur des dégâts provoqués par une dérégulation tous azimuts des marchés financiers et un contrôle défaillant, pour ne pas dire complaisant, des décideurs politiques occidentaux. «Quand le vin est tiré, il faut le boire». C’est ce qu’ont compris ces derniers qui, pour une fois, tirent tous dans le même sens afin de restaurer la confiance. En dehors des ultra-libéraux qui, sans doute par pur dogmatisme, suggèrent de laisser le système s’autoréguler, difficile de trouver des détracteurs du ou des plans de sauvetage.
La raison est que l’intégration de l’économie mondiale est telle qu’aucun pays n’est épargné par l’onde de choc de cette crise née aux Etats-Unis. Le petit fellah de la Chaouia est dans le même bateau que le gentleman-farmer du Kansas ou le grand banquier de New York. D’ailleurs, il peut même être la première victime de l’aggravation de la situation. Justement, ce petit fellah, à l’instar des populations à petits revenus de tous les autres pays émergents ou en développement, est le grand perdant, parce qu’il n’est en rien responsable de la catastrophe. Sa situation résume toute la myopie des pays riches qui, tant qu’ils ne se sentaient pas menacés, ont fait du «chacun pour soi » le mot d’ordre de leur mode de gouvernance.
A ce jour, ces pays sont très loin de la barre des 0,7 % de leur revenu national brut qu’ils avaient fixée pour l’aide au développement. En 2006, celle-ci atteignait à peine 80 milliards d’euros. Pour le sida, seulement 765 millions d’euros ont été investis dans la recherche durant la même année. Une paille par rapport à la somme annoncée pour sauver le système financier !
Il est évident que tout ne sera jamais débloqué. Il est aussi avéré que l’absence de démocratie et la mauvaise gestion des affaires publiques expliquent largement le retard dans une partie du monde. Mais l’initiative prise par les pays riches prouve que, s’ils le voulaient, ils pourraient réduire le fossé qui les sépare des autres, ce que la libéralisation débridée des échanges ne pourra jamais réussir. Bien au contraire. En ces temps difficiles, les grands de ce monde doivent savoir que le devoir de solidarité est une notion universelle.