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Au Royaume

Et la régulation ?

Les producteurs locaux étant déjà  en situation
de pleine activité, il serait tout indiqué de surseoir temporairement aux
droits de douane sur
les intrants du BTP…

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La publication, dans le précédent numéro de La Vie éco, d’un dossier sur le manque de matières premières et la flambée de leur prix, la rareté des engins de chantier et l’insuffisance des capacités pour répondre à la demande, dans le secteur du BTP, a donné lieu à plusieurs réactions de la part des chefs d’entreprises. Ces derniers insistent sur le fait que nous avons sous-estimé la gravité du problème. Le secteur du BTP – on ne sait si l’on doit s’en réjouir – va vers un goulet d’étranglement en raison d’un dynamisme dont la longévité sur plusieurs exercices n’était pas prévisible il y a seulement deux ans. Aujourd’hui, on commence à en ressentir les premiers effets, avec des entreprises qui ne trouvent pas de main-d’œuvre, des marchés qui ne trouvent pas preneur et un approvisionnement souvent dépendant du degré d’affinité et de l’ancienneté de la relation avec son fournisseur.

Devant cette situation, on peut s’étonner que l’Etat reste passif, alors qu’une bonne part des chantiers d’infrastructure est initiée par les entreprises publiques et l’Administration.
Est-ce le fait que le ciment, le bois ou l’acier ne représentent pas des produits de grande consommation comme le blé ou le lait ? En tout cas, les droits de douane sur les intrants du BTP n’ont pas varié alors que les cours mondiaux, eux, ont parfois connu une croissance à trois chiffres. Le même constat peut être fait pour les niveleuses, pelleteuses et autres matériels que l’on trouve difficilement sur le marché. L’Etat, toujours attaché à sa logique de préservation des recettes, doit abandonner cette approche. Il ne s’agit pas là de faire une concurrence déloyale à des producteurs de matières locaux, mais ces derniers étant déjà en situation de pleine activité, il serait tout indiqué de surseoir temporairement à la perception de recettes fiscales sur les importations de matières aujourd’hui vitales, le temps que les nouvelles capacités de production prévues soient mises en place. Ce qui est demandé aujourd’hui à l’Etat, c’est de jouer son rôle de régulateur pour éviter à un secteur qui tire l’économie de connaître des déboires fâcheux. Si aujourd’hui le BTP rencontre des difficultés, c’est aussi bien les autres secteurs que les recettes prévisionnelles de l’Etat qui risquent d’en pâtir.

Dans le même ordre d’idées, les entreprises de BTP croulant déjà sous les commandes, l’appel à des professionnels étrangers, dans des conditions limitées dans l’espace et dans le temps, ne serait pas mal venu. L’essor économique du pays vaut bien quelques concessions temporaires.