Au Royaume
Erreurs de ciblage
Visiblement, et à travers les premières sorties et déclarations de Saad Eddine El Othmani, le gouvernement semble décidé à s’attaquer sérieusement et frontalement à la question de l’efficacité des politiques publiques.
Il ne s’agit pas, bien entendu, de dupliquer ce vieux et mauvais réflexe des politiciens de vouloir systématiquement faire table rase de ce qui a été initié et réalisé par les prédécesseurs. Réflexe qui a coûté au pays des années de retard sur beaucoup de sujets importants et surtout aussi des milliards engagés dans des programmes interrompus en cours de chemin sans évaluation aucune. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui on se retrouve quasiment à la case départ pour ce qui est de la réforme de l’éducation et de l’enseignement, par exemple, ou encore avec une multitude de programmes et d’actions pour l’emploi et l’insertion des jeunes et des milliards de DH dépensés pour des résultats quasiment nuls.
Or, quand une politique publique, malgré tous les moyens qu’on y met, ne donne pas de résultats c’est qu’il y a manifestement un problème de ciblage. Si les résultats ne sont pas atteints cela veut forcément dire que les fonds engagés n’ont pas été dépensés là où il le faut et pour les bénéficiaires censés en profiter.
Les meilleures illustrations ne sont autres que l’éducation et la santé qui engloutissent chaque année des milliards de DH, bien plus que beaucoup d’autres départements, pour qu’en fin de compte le Maroc se retrouve parmi les pays les moins bien classés à l’échelle mondiale.
Le gouvernement a mis récemment le doigt sur une autre aberration de nos politiques publiques mal ciblées. Le programme Tayssir, destiné à aider financièrement les ménages pauvres, à condition qu’ils préservent la scolarité de leurs enfants, souffre depuis plusieurs années d’une malformation de naissance. Au départ, il a été construit de manière trop grossière sur la base de la carte des communes les plus pauvres. Quelques années plus tard, voilà que les pouvoirs publics découvrent que des aides financières ont été accordées à des familles pourtant aisées pour la simple raison qu’elles habitaient dans des communes faisant partie de celles ciblées par le programme. A contrario, des milliers de ménages réellement pauvres n’avaient pas accès à l’aide parce qu’ils habitent dans des communes non retenues comme étant pauvres.
Si le gouvernement arrive à corriger ces anomalies de ciblage qui font perdre au pays des milliards de DH, ce sera déjà un grand pas en matière d’efficacité des politiques publiques et surtout de justice et d’équité sociale…