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Au Royaume

Enterrée la COP 22 ?

Qui aurait dit que, trois années seulement après la très réussie et éclatante COP22 de Marrakech, le même rendez-vous, cette fois-ci tenu de l’autre côté de la Méditerranée, en Espagne, allait être un fiasco total ?

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Edito Saad Benmansour

L’édition de 2016 a été certes d’un bon cru parce qu’elle était censée être le moment de la concrétisation de la fameuse COP21 de Paris une année auparavant, qui avait connu la sortie de l’accord mondial sur le climat. Mais, ce n’est pas tout. Il est fort probable que la conférence de Marrakech ait profité surtout de l’engagement du pays hôte, le Maroc.

Une conférence des Nations Unies sur le climat ne tire pas sa force et son éclat seulement de la stature de ses organisateurs institutionnels ou des profils et de la qualité des participants généralement de très haut rang. En choisissant Marrakech pour y tenir la COP en 2016, l’ONU savait pertinemment qu’elle pouvait et devait faire jouer la carte de l’engagement d’un pays du Sud comme le Maroc comme étant un modèle à suivre. Le Maroc n’a plus besoin de donner des preuves de son sérieux et de son statut de pays précurseur dans le domaine. Ses politiques et programmes volontaristes en matière d’énergies renouvelables et de promotion des sources propres et durables, ses réformes légales et réglementaires en matière de lutte contre les méfaits de la pollution et des productions nuisibles comme la campagne contre les sacs en plastique, ses vastes chantiers financièrement très lourds pour une gestion rationnelle et pérenne des ressources naturelles, ses efforts auprès des opérateurs économiques, mais aussi des citoyens pour instaurer des modes de consommation responsables et durables, son engagement à promouvoir et disséminer à travers tout le continent les bonnes pratiques à travers des projets verts et soucieux des équilibres… Sans parler de la Fondation exclusivement consacrée à la protection de l’environnement et qui porte le nom de S.M le Roi…, tout cela est à mettre à l’actif du Royaume du Maroc. Et c’est bien pour tout cela qu’en 2015, au moment de clôturer les travaux de la COP de Paris, tous les participants avaient naturellement et à l’unanimité convenu que l’édition suivante ne pouvait se tenir ailleurs qu’au Maroc.

Mais aujourd’hui que reste-t-il de ce formidable élan universel pour le climat qu’avait incarné la ville de Marrakech ? Une question qui se pose d’elle-même au regard de l’échec cuisant de la COP25 qui vient de se clôturer à Madrid.

Entre-temps, c’est vrai, il s’est passé beaucoup de choses. L’accord de Paris a été détricoté, surtout après le retrait des Etats-Unis d’Amérique de Trump. La mouvance climatosceptique gagne du terrain sur la scène mondiale. Il sera difficile de fédérer de nouveau la communauté mondiale autour de la cause du climat. Mais cela ne doit en aucun cas éloigner le Maroc de sa ligne de conduite, car on ne peut pas jouer avec des enjeux aussi vitaux que l’eau, l’énergie, la santé, l’agriculture, la suffisance alimentaire…