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Au Royaume

Effet d’éviction

La mauvaise monnaie chasse la bonne. Ce principe économique très connu peut parfaitement s’appliquer à ce qui se produit aujourd’hui sous nos yeux sur le paysage de l’information avec notamment ce tsunami de données, d’informations, de commentaires, de photos qui déferlent sur l’opinion publique à travers les smartphones, l’internet mobile, les réseaux sociaux, Facebook, et autres applications.

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Edito Saad Benmansour

La mauvaise information, l’information erronée, l’intox, le mensonge se répandent plus rapidement parce qu’ils sont plus faciles à traiter et ne requièrent pas un temps de vérification, de recoupement avant publication. Tandis qu’un professionnel de l’information, journaliste ou autre, un titre de presse, quand il a du respect pour son public, a besoin d’un temps de latence minimal pour s’assurer de la véracité et traiter l’information même quand il publie sur le digital.

Entre-temps, la mauvaise information, elle, a déjà eu le temps de bien s’installer dans le paysage, de récolter les millions de vues et de devenir une «vérité» qu’il deviendra difficile de démentir. Oui, il est vrai que tout cela est dans le déroulement naturel de l’histoire et que le Maroc ne peut pas échapper au diktat du numérique et du digital à l’image des pays du monde entier.

Mais ce que beaucoup de pays ont compris, ce qui n’est visiblement pas encore le cas au Maroc, c’est que la meilleure manière de lutter contre la désinformation est justement de rendre les informations accessibles à tout le monde, de la démocratiser, voire de la banaliser pour qu’elle ne constitue plus un bien rare, et devient par conséquent source de convoitise. La nature ayant horreur du vide, quand l’information officielle et authentique n’est pas disponible ou accessible, certains en profitent pour en inventer et à en donner à un public avide de savoir. Si, par exemple, l’on avait informé à temps, en toute transparence et à grande échelle, l’opinion publique sur l’avancement des projets d’Al Hoceima, cela aurait probablement barré la route à ceux qui en ont fait un prétexte pour instiguer des mouvements de foule pour déguiser parfois d’autres desseins. Si les responsables locaux étaient connectés à la réalité du terrain, via les canaux d’information, on aurait probablement pu désamorcer à temps les contestations à travers le dialogue, l’échange, l’explication, l’argumentation et la transparence.