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École publique : La fin d’une récréation qui a trop duré

Les enseignants ont les mêmes droits, mais aussi les mêmes obligations, notamment celle d’exercer ce noble métier avec le dévouement que cela implique.

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Engagé, signé, en attente d’adoption définitive… Le déploiement d’un statut unifié pour le personnel de l’Éducation nationale franchit un grand pas en avant. Le Chef de gouvernement, accompagné de pas moins de cinq ministres, a présidé la cérémonie de signature d’une convention avec les syndicats les plus représentatifs du secteur de l’enseignement. Un accord qui pose les jalons d’un régime rassemblant les effectifs de ce département sous la même bannière, alors qu’ils étaient jusque-là éparpillés entre une douzaine de statuts, apparus sur fond des crises sociales qui ont ponctué le secteur pendant de longues décennies.
Le dernier statut en date, celui des contractuels qui a fait tant de remous, avait été créé pour pallier le manque d’enseignants résultant d’une gestion calamiteuse des ressources humaines de ce ministère, pourtant budgétivore en masse salariale. C’est que le métier d’enseignant avait perdu de son attractivité comme de sa rigueur. Ces générations d’enseignants mal formés, mal payés et dépourvus de moyens pour faire leur travail ont conduit à la faillite de l’école publique et du système éducatif avec toutes ses répercussions socioéconomiques.

Revaloriser et unifier le statut du personnel de l’Éducation est donc la clé de voûte pour enclencher effectivement la réforme du secteur qui fait l’objet d’une feuille de route royale annoncée en 2015. Tout en préservant les acquis des cadres actuels, ce nouveau statut permet une unification du parcours professionnel. Il est aussi question d’évaluer la performance des enseignants et des établissements sur la base d’indicateurs mesurables. Indicateurs qui seront aussi pris en compte dans de nouveaux systèmes permettant de motiver le personnel éducatif et administratif.

Le gouvernement a fait l’effort en concédant ce cadre qui va alourdir les dépenses du personnel de ce département de quelque 6 milliards de dirhams à l’horizon 2026. Il démontre ainsi sa considération pour le métier d’enseignant et sa détermination à aller de l’avant pour tenir son engagement de redonner à l’école publique ses lettres de noblesse.

Il n’empêche que le processus d’adoption de ce statut révolutionnaire n’est pas encore acté. Le cadre est certes posé mais il reste encore à négocier des détails avec les syndicats. De telles tractations risquent d’être houleuses, de traîner encore et encore. Chakib Benmoussa l’a appris à ses dépens. Lui qui espérait pouvoir boucler ce statut en juillet dernier, pour faire une rentrée sur de bonnes bases, a dû patienter six mois de plus pour décrocher ce procès-verbal.

Les premières déclarations des partenaires sociaux se veulent rassurantes quant à une accélération du processus. Reste maintenant à tenir parole et placer l’intérêt général et le futur des prochaines générations d’écoliers marocains au-dessus de toute considération. Car l’école publique, que l’on pensait un temps perdue à jamais, a une chance de ressusciter avec ce nouveau dispositif. Mais la réussite du modèle tient au personnel qui fait tourner chaque jour les 11.000 établissements disséminés à travers le Royaume. Si les enseignants ont désormais les mêmes droits, ils ont aussi les mêmes obligations, notamment celle d’exercer ce noble métier avec le dévouement que cela implique pour tirer sa classe, et les classes sociales en général, vers le haut.