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Au Royaume

Du consommateur au producteur

Formidable explosion que celle du secteur des télécoms, mais nous sommes seulement un marché de consommation alors que nous aurions pu devenir une plateforme de production.

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A fin septembre dernier, le Maroc atteignait 30,5 millions de clients abonnés au réseau téléphonique mobile. Un taux de pénétration de 96,8% et surtout une dynamique économique sans précédent. Un marché complètement mais judicieusement libéralisé, des procédures d’ouverture et d’octroi de licences qui ont constitué des cas d’école dans le monde, trois opérateurs concurrents, une multitude d’offres, des packages promotionnels et une démocratisation du téléphone et de l’internet. Ceux qui n’ont pas de portable se comptent sur les doigts et même si nous sommes une population de bippeurs, nous sommes également celle des blackberry et des Iphones et autres, celles des jeunes qui sont capables de miser gros pour s’offrir le dernier mobile en vogue. Outil de communication, outil d’ostentation aussi. Formidable sursaut. Il y a dix ans, le Maroc comptait moins de 300 000 lignes GSM, le parc a été multiplié par plus de 100 et les télécoms représentent aujourd’hui 3% du PIB. Le Maroc a-t-il pris le virage des télécoms ? Sans doute, au regard de la croissance exponentielle du secteur, pourtant on peut aussi considérer, en un sens, que nous avons raté ce virage. A l’heure o๠les télécoms explosaient dans le monde, nous consommons de la téléphonie mais en produisons-nous ? La réponse est non et c’est là  justement que le bât blesse. Avec un parc de 30,5 millions de clients, le Maroc qui est capable de fabriquer des pièces pour l’aéronautique ne fabrique pratiquement aucun des composants d’un téléphone mobile, d’un Smartphone ou d’une tablette tactile, ne développe localement aucun système d’exploitation, ni d’applications qui pourraient déboucher sur une utilisation mondiale. Nous avons créé un marché de consommation et ses effets induits sont très positifs mais nous n’avons pas profité de l’opportunité industrielle. Il y a des leçons à  en tirer. En un an, et à  quelques mois d’intervalle, le Maroc lançait ses plans solaire et éolien, destinés à  réduire sa dépendance, à  la fois par rapport aux énergies fossiles mais aussi par rapport à  d’autres pays. Très bon choix, puisqu’il relève d’un positionnement sur un créneau d’avenir et les investisseurs se bousculent déjà  au portillon. Mais qui va fournir ces panneaux solaires et ces éoliennes, o๠seront-ils fabriqués ? Nous pourrions profiter de l’existence d’un marché de consommation locale de ces produits pour inciter l’industrie de l’énergie propre à  s’installer sur place et, pourquoi pas, un jour exporter à  partir du Maroc. Pour cela, il faudrait des mesures incitatives et un véritable plan d’émergence industrielle. Consommer c’est bien, produire c’est encore mieux.