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Au Royaume

Driss Faceh, hôtelier et président de l’agence Objectif Maroc

Un self-made-man qui s’est fait un nom dans le tourisme.

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DRISS FACEH 2012 05 18

Le nom de Driss Faceh est indissociable du tourisme dans sa ville natale Fès, mais aussi au niveau national. Ce professionnel, qui a été président du Conseil régional du tourisme (CRT) jusqu’en 2010 et très actif dans d’autres associations, a été depuis plusieurs années dans tous les combats pour faire avancer ce métier qui le passionne encore et toujours.

Né à Fès en 1947, Driss Faceh est le deuxième enfant d’une fratrie de neuf enfants. Son père est fonctionnaire et sa mère femme au foyer. Sa scolarité effectuée à la Mission française est couronnée par un Bac sciences économiques. Il s’inscrit ensuite à la faculté de Rabat dans la même discipline avec l’idée d’obtenir une maîtrise. Mais dès qu’il a eu son Deug, il rêve de voyages dans des contrées lointaines comme Haïti. Comme par hasard, c’est au Club Med Malabata qu’il «atterrit» en 1969. Là-bas, on lui propose le poste de guide accompagnateur. Cela paraît banal si ce n’est qu’il est le premier guide marocain recruté par Club Med. Son premier salaire était de 700 DH tandis que ses copains qui avaient choisi une banque ou une assurance gagnaient le double.

Mais lui trouvait son bonheur dans ce qui fut baptisé «le tourisme culturel». Il va découvrir Errachidia, Marzouga et une bonne partie du Maroc à une époque où les moyens de transport n’étaient pas dotés de confort comme la climatisation notamment. Autant dire que chaque voyage était une aventure, avec son lot de désagréments, à commencer par les sièges des cars en sky et des véhicules sommairement équipés. Cela dit, en y repensant, Driss Faceh ne regrette rien : «C’était du vrai bonheur et tout le monde y goûtait un réel plaisir qu’on n’aurait pas trouvé sans les désagréments et l’inconfort de l’époque».

Il a démarré avec un capital de 200 000 DH

Cette période d’insouciance va durer presque dix ans au bout desquels Driss Faceh fait mûrir son ambition de s’établir à son propre compte. Et c’est en 1978 qu’il crée une agence qu’il appelle «Fès voyages». Il mobilise en tout et pour tout 200 000 DH comme capital, loue un petit bureau, met sa femme à contribution et recrute une assistante. Aujourd’hui, cette agence qui a pignon sur rue à Fès, Marrakech, Agadir, Ouarzazate et Casablanca, compte un effectif de 60 personnes et réalise 140 MDH de chiffre d’affaires par an.

Au départ, Driss Faceh avait tablé sur l’incentive et le tourisme de congrès. Même si les débuts sont comme toujours difficiles, il va rapidement ressentir le besoin de créer une société de transport. Ce sera Caravane transport tourisme dans laquelle il met un million de DH. Cette société progresse rapidement jusqu’à disposer d’une flotte de plus de trente véhicules. En 2 000, le groupe Accor décide d’entrer dans le capital de Fès Voyages à hauteur de 50%. La société prendra le nom de «Objectif Maroc». Cette alliance va durer jusqu’en 2008, année au cours de laquelle Faceh rachète les parts de l’hôtelier français. L’homme d’affaires ne veut pas révéler les détails de la partie financière de cette transaction. Mais il indique que le départ d’Accor s’explique très simplement : «Le groupe a décidé de se recentrer sur l’activité de l’hôtellerie, ce qui est une décision qui relevait de sa nouvelle stratégie à ce moment-là».

Il investit 96 MDH pour ouvrir son hôtel à Fès

Durant la même année, Driss Faceh commence à nourrir l’idée d’entrer directement dans la partie hôtellerie, mais comme il a un faible pour le côté personnalisé et humain, il choisit la niche «hôtellerie de charme». Comme c’est un homme patient, il commence par débourser 3 MDH pour racheter un ancien palais donnant sur l’ancienne route nationale de Taza et qui a une vue imprenable sur une partie de Fès. Cependant, le projet ne commence à mûrir qu’en 2007. En attendant de passer à l’action, il s’associe en 2010 à un projet éclectique : un hôtel de charme de 46 clés (entendez par là des suites) à Marrakech. Le plus intéressant dans ce projet est que la plupart des besoins sont produits sur place, qu’il s’agisse de viande ou de légumes, en bio bien entendu. Lui et ses partenaires investissent 26 MDH dans une parcelle de 7,5 ha.

Comme il lui fallait son propre hôtel dans sa ville natale, il travaille d’arrache-pied pour mobiliser les 96 MDH nécessaires à la construction des 54 suites de l’établissement qui a ouvert en février dernier.
Pour Driss Faceh, c’est le couronnement d’une belle carrière et les résultats ne se sont pas faits attendre car, avec un taux d’occupation de 30% déjà, les choses se présentent plutôt bien.
Avec les choix qu’il a faits, en effet, l’homme d’affaires fassi, qui a toujours montré sa préférence pour sa ville natale, a bouclé la boucle, une agence de voyages, une entreprise de transport touristique et des lits de luxe pour bien accueillir ses «hôtes». Mais pour lui, la question ne s’est jamais posée en termes de taille, mais en termes de passion pour un métier qui l’a attiré depuis toujours et qui lui donne toujours autant de bonheur et de plaisir comme au début de l’aventure.