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Digitalisation : des outils d’optimisation au service de la croissance agricole

L’objectif est d’améliorer la productivité agricole de 15% à l’horizon 2030.

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Digitalisation

 

Gouvernance des politiques sectorielles, suivi des actions menées sur le terrain, reporting, centralisation des données, etc. Autant d’outils de pilotage introduits suite à la transformation digitale du secteur agricole national, et qui ont contribué à l’augmentation de la productivité et des revenus des agriculteurs. La dynamique de modernisation de l’agriculture nationale est portée par le Plan Maroc Vert, particulièrement les efforts de renforcement des capacités des agriculteurs et de la préparation de l’agriculture du futur en dotant les opérateurs et les intervenants du secteur des outils nécessaires en termes de technologie de pointe, pour accompagner l’évolution du secteur dans les modes de travail et de production et faire face aux différents enjeux. En effet, le département de l’agriculture, avec ses partenaires institutionnels, ont mis en place des solutions technologiques pour améliorer la qualité des services fournis aux professionnels de l’agriculture et de l’agro-industrie. Depuis 2018, la digitalisation des procédés de suivi et de collecte d’informations est l’un des aspects primordiaux auquel le ministère de tutelle accorde toute son attention. Cela s’est traduit par la constitution d’une équipe de 30 ingénieurs, mandatés pour apporter des solutions digitales à diverses problématiques. Parmi elles, le suivi des petites exploitations agricoles et la poursuite des chantiers relatifs au registre national des agriculteurs, au système d’information géographique (SIG) agricole, aux systèmes d’avertissement à l’irrigation, au système des aides et des bonifications agricoles (SABA), à l’établissement autonome de contrôle et de coordination des exportations (EACCE), au crop growth monitoring system-Maroc pour le suivi de la campagne agricole et au système de suivi des prix du marché (Asaâr). A côté de ces solutions, l’on peut citer également le système Fertimap de conseil en fertilisation des sols et en besoins en éléments fertilisants des cultures (37000 échantillons de sol analysés, couvrant 7,845 millions ha). Le système national CGMS-Maroc de suivi de la campagne agricole et de prédiction agro-météorologique des récoltes céréalières renforce également l’offre en solutions technologiques dédiées, au même titre que le système d’avertissement à l’irrigation, conçu pour répondre aux besoins des exploitations agricoles équipées en irrigation localisée en vue d’une meilleure gestion de l’eau d’irrigation à l’échelle de la parcelle. Les applications mobiles de la MAMDA, utilisées par les experts de l’assurance et qui s’appuient sur les imageries satellitaires et des drones dans l’assurance multirisque climatique, couvrent un des aspects les plus importants de l’exploitation. D’autres solutions digitalisées ont été mises en place pour couvrir l’ensemble des aspects liés aux exploitations agricoles, telles que le Mobile Banking du GCAM avec le multicanal pour des services bancaires accessibles à tout moment, le système SIPS de l’ONSSA pour échanger les données de contrôle aux postes frontaliers avec la plateforme PORTNET dédiés aux opérations d’import et d’export et les sites e-commerce, accompagnés par l’ADA, pour assurer une large commercialisation des produits du terroir de l’agriculture solidaire. Enfin, les solutions de l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC) permettent de compléter l’offre en solutions car elles s’appuient sur les imageries satellitaires et la digitalisation du patrimoine cartographique pour fournir divers services de qualité aux citoyens en général et aux professionnels en particulier. Un recours technologique rendu possible grâce notamment au lancement de deux satellites, en l’occurrence Mohammed VI A et B, qui permettrait de disposer d’images satellitaires plus fréquemment avec une grande précision.
Plusieurs professionnels de l’agriculture et de l’agro-industrie se sont inscrits dans la dynamique digitale pour produire bien et mieux, en réduisant les charges tout en préservant l’environnement. L’impact du Plan Maroc Vert et l’évolution de l’écosystème des nouvelles technologies de l’information mobilisent les leadeurs mondiaux présents au Maroc tels qu’IBM, HP, SAP, Microsoft et SOTI. A leurs côtés, les entreprises d’intégration de solutions dont Intelcom/SATEC Group, Medasys Group, Teledyne, Isagri Maroc, Agridata, DXC/SMAG (HP CDG Group), ETAFAT, Inov Group, ainsi que des Start-Up nationales telles que Agroam et coopérative CCNB. Ces acteurs innovent en mettant sur le marché des solutions utilisant l’imagerie satellitaire, la communication sans fil, les objets connectés, les capteurs intelligents, embarqués sur les engins et drones pilotés à distance. Un bond technologique qui offre, grâce aux big data et aux outils d’aide à la décision, de nombreux avantages permettant une meilleure gestion des terres et des ressources naturelles, notamment et l’industrie agro-alimentaire. L’adoption de ces solutions a permis d’analyser des données recueillies à l’aide de capteurs, connectés, de température, d’humidité, etc., piloter à distance leurs exploitations et adapter la nature et la quantité des apports aux cultures, optimiser les traitements grâce à une meilleure connaissance des besoins du sol et des plantes et gérer la traçabilité de toute la chaîne de production dans le secteur agro-alimentaire. Pour épauler le ministère dans sa démarche, l’Office chérifien des phosphates (OCP) s’est allié à l’Université Mohammed VI polytechnique pour la création d’une business unit baptisée Agri Edge, chargée de la transformation des données agricoles, de leur interprétation, à la lumière des objectifs définis localement, et de leur agrégation pour en faire des outils de décision pour les agriculteurs. Pour ce faire, un budget de 30 MDH a été débloqué pour l’exploitation, le fonctionnement et l’investissement dans la mise en place des plateformes digitales nécessaires au bouclage de ces chantiers.

Un levier de croissance

Majid Lahlou, directeur des systèmes d’information au sein du ministère de l’agriculture, estime que la digitalisation du processus de production permet d’augmenter la productivité agricole de 15%. Lors d’une conférence-débat, organisée à Casablanca à la Chambre de commerce suisse au Maroc sous le thème «Agriculture digitale : quelles opportunités pour le Maroc ?», M. Lahlou a expliqué que ce processus permet d’«accroître les synergies organisationnelles et d’aider à la prise de décision». D’ailleurs, l’opération de distribution de l’orge subventionnée, intervenue durant la période de sécheresse qui a duré 14 mois, a atteint ses objectifs grâce au pilotage digital des quantités journalières stockées et l’approvisionnement de 511 points. Au total, 800000 agriculteurs en ont bénéficié. Majid Lahlou indique aussi que «la transformation digitale du secteur permettra de tenir nos engagements pour atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030». L’autre combat que livre le ministère de l’agriculture pour développer davantage le digital dans le secteur primaire, c’est celui mené contre l’assolement des terres agricoles, et les entraves qu’imposent les micro-segmentations des terrains, a fortiori lorsque les petits agriculteurs constituent 90% du total des acteurs du secteur, chacun possédant des terres de moins de 5 hectares en moyenne. Mohamed Sadiki, secrétaire général du ministère de l’agriculture, intervenant dans un colloque scientifique tenu à Berkane sous le thème «La transformation digitale, levier de développement du secteur agricole et agroalimentaire dans la région de l’Oriental», a assuré que les petits agriculteurs commencent déjà à adapter les nouvelles technologies à l’exercice de leurs activités. M. Sadiki a ainsi déclaré que, d’après les conclusions de l’enquête menée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), «les nouvelles technologies et l’internet des objets présentent un potentiel énorme, à même d’augmenter de 70% la productivité agricole d’ici 2050», ajoutant que la transition numérique du secteur attire des investissements dans les technologies de pointe et les technologies à large utilisation.

La transformation digitale démystifiée

Entre 2017 et 2018, le département de l’Agriculture a organisé de nombreuses manifestations et participé à plusieurs rencontres visant à vulgariser et à démystifier la transformation digitale du secteur. L’on peut citer l’Agro-It-Days 2017 /MAPMDREF organisé à Rabat, l’Agri Analytics Days 2018/ OCP à Benguerir, AITEX 2018/ MCIEN à Rabat, la Conférence-débat 2018 /Chambre de commerce suisse à Casablanca, les rencontre d’étude 2018/ MAPMDREF à Berkane et l’Atelier digital de l’arganier 2018/SAP à Rabat. Ces événements ont favorisé l’échange d’expériences entre les experts et les participants et permis de communiquer sur les chantiers de digitalisation menés par le département et ses partenaires institutionnels. Lors de ces différentes rencontres, les professionnels des technologies de l’information et du secteurs agricole et agro-industriel ont échangé sur plusieurs sujets vitaux dont l’assouplissement des contraintes réglementaires liées à l’importation et à l’utilisation des drones agricoles ; la libération par l’ANRT des basses fréquences, gratuites dans la plupart des pays, pour une utilisation des objets connectés à grande échelle. Par ailleurs, plusieurs débats ont été lancés dont la garantie d’une bonne couverture réseau pour l’accès à internet des zones excentriques, et la mise en place d’une subvention de la transformation digitale des exploitations agricoles. Aussi, le département de l’Agriculture organise, dans le cadre des Conférences du SIAM 2019 à Meknès, la 2e édition de l’Agro It Days sous le thème: «La transformation digitale pour un secteur agricole attractif et générateur d’emplois pour les jeunes dans le monde rural».

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[tab title= »Sécurité alimentaire mondiale et technologies  » id= » »]La FAO annonce que la production de nourriture devrait augmenter de 60% pour nourrir la population mondiale qu’elle estime à 9 milliards en 2050. Les technologies numériques apparaissent aujourd’hui comme un moyen d’améliorer l’agriculture sur les plans de la productivité, de la protection de l’environnement, des conditions de travail des agriculteurs, mais aussi de la traçabilité des aliments. Le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans ce secteur et les efforts déployés pour renforcer les capacités des agriculteurs et préparer l’agriculture du futur constituent un véritable levier de développement de l’agriculture et de l’agro-industrie.[/tab]
[tab title= »Le terrain technologique propice au développement » id= » »]Selon les estimations de McKinsey, le marché de l’agriculture robotique devrait passer de 1 à 18 milliards de dollars de 2014 à 2020, alors que le cabinet IDC (International Data Corporation) estime que le nombre d’Objets connectés (IOT) devrait passer de 12 à 30 milliards d’objets de 2015 à 2020. La situation de l’usage des technologies de l’information est perceptible à partir des statistiques de l’ANRT en 2017 et du classement du Maroc par l’IUT dans le Global Egov Index. Ainsi, la téléphonie mobile est généralisée pour la quasi-totalité des ménages aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural : 99,78% des ménages sont équipés. En milieu rural, 2% des ménages sont équipés en téléphonie fixe contre 28% en milieu urbain. 70,2 % des ménages sont équipés d’Internet avec 78,5% des ménages en milieu urbain et 53,1% en milieu rural. 58,4% des ménages sont équipés en ordinateur/tablette, avec 71% des ménages en milieu urbain et 33% en milieu rural. Par ailleurs, en 2018, le Maroc est classé 6e en Afrique et 110e dans le classement mondial relatif à l’indice E-gov de l’UIT.
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