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Défragmentation

Le rapprochement RNI-UC sonne le glas de 12 ans d’une majorité gouvernementale où les idéologies avaient fini par être réléguées au second plan.

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Le récent rapprochement entre le RNI et l’UC dans ce qui sera à plus ou moins court terme la plus importante opération de fusion-absorption, depuis une vingtaine d’années, marque la fin d’une période dans le champ politique marocain.

Le processus ayant abouti à l’alternance politique, un compromis de bon sens entre la monarchie et les partis de l’opposition, avait conduit à la constitution de majorités gouvernementales hétéroclites où la voix des urnes avait estompé les affinités idéologiques. Quel rapport l’USFP, l’Istiqal et le MNP avaient-ils entre eux, sinon cette «légitimité historique» et/ou une camaraderie militante née des longues années passées à l’opposition ? Dans ce spectre gouvernemental, le RNI, parti de notables, a joué le rôle de béquille d’appoint. Utile pour compléter une majorité, pas suffisamment «légitime» pour prétendre jouer les premiers rôles.

Peu de gens l’auront remarqué. Les législatives de 2007 auront marqué un tournant pour le RNI dont le poids au sein du gouvernement a dépassé, en proportions, le résultat des urnes en plus de la présidence de la Chambre des représentants. Ce coup de main, partie intégrante d’une volonté royale de faire émerger des partis forts et modernes, fût un heureux pari sur l’avenir.
Aujourd’hui, le RNI veut jouer les premiers rôles et, mieux, il le fait à travers un positionnement idéologique en cherchant à constituer un pôle libéral. Il y a alors fort à parier que le mouvement fera tâche, des affinités existant déjà avec le PAM et le Mouvement populaire. De quoi réunir suffisamment de voix…

Conséquence, les architectures classiques connues par les différents gouvernements qui se sont succédé depuis 1998 vont voler en éclats. Que restera-t-il de la traditionnelle majorité gouvernementale constituée autour de l’USFP, l’Istiqlal, le RNI, le MP et le PPS ? Rien. Quel sens aurait la Koutla, cette alliance contre-nature entre militants de gauche et conservateurs, qui avait fini par se transformer en socle gouvernemental ? Rien.

Dans ces conditions, c’est paradoxalement l’Istiqlal et l’USFP, faiseurs de majorité des 12 dernières années, qui devront se trouver des alliances. Le premier, suffisamment puissant, mais idéologiquement isolé, ne veut pas tendre la main à un PJD qui n’est pas en odeur de sainteté. Mais pourra-t-il se passer d’un appui aussi significatif ? Le second, dont le leader déclarait il y a une semaine dans nos colonnes que le parti était ouvert à toutes les formations, voit sa marge de manœuvre réduite à ces petits partis de gauche dont il a longtemps snobé les appels à la formation d’un pôle, idéologiquement cohérent.

En jargon informatique, il existe une opération visant à classer de manière cohérente les données au sein d’un disque dur pour le rendre plus efficient. Cela s’appelle la défragmentation. Une expression qui convient bien aujourd’hui à ce champ politique éclaté et désordonné.