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Au Royaume

Déconstruire le discours sur la migration

Des termes comme assaut, danger, exode, invasion…et d’autres d’une violence encore plus prononcée font partie des éléments de langage

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Edito

Quand il s’agit de migration, le seul discours qui existe aujourd’hui et qui fait écho dans le monde entier est celui véhiculé par certains pays riches. Il est produit par les Européens et les Américains avec des mots qui créent un climat de psychose. Des termes comme assaut, danger, exode, invasion, … et d’autres d’une violence encore plus prononcée font partie des éléments de langage. De l’autre côté, ceux qui sont concernés, l’Afrique, notamment, à qui on colle toutes ces tares, n’a jamais produit de discours, le sien.

S’il est indéniable que la pression migratoire est devenue un fait, cette dernière est désormais inévitable. Elle est consubstantielle à l’évolution du monde, faisant que la mobilité deviendra de plus en plus la règle. Et pas qu’en provenance de l’Afrique. D’ailleurs, contrairement aux idées reçues qui déforment la réalité en considérant le continent africain comme l’un des principaux points de départ, sa contribution réelle à la pression migratoire illégale dans le monde est marginale du fait que la migration africaine est surtout intracontinentale. Les chiffres de l’ONU en attestent. Et pourtant, des pays historiquement bâtis à la sueur des migrants continuent à reproduire des contrevérités.

Et le Maroc dans tout cela ? Il doit sortir de la grille de discours des pays riches. Il en a toute la légitimité. Devenu un pays d’accueil et de transit vers l’Europe, beaucoup de migrants s’y sont installés alors que leur rêve d’avant se situait de l’autre côté de la Méditerranée. Pour des raisons humanitaires, le Maroc a régularisé en deux vagues 50 000 d’entre eux. Il leur a donné le droit à l’instruction, au Ramed… Le Souverain a récemment proposé la création de l’Observatoire africain des migrations afin de comprendre, anticiper et agir. C’est dire que déconstruire le discours euro-américain en est aujourd’hui la suite logique.